Tunisie – Hassouna Nasfi : « Tout se joue à l’Assemblée »

Le président du groupe parlementaire Machrou Tounes (dissidence de Nidaa Tounes), Hassouna Nasfi revient pour Jeune Afrique sur la crise politique ouverte par la suspension de l’accord de Carthage.

Hassouna Nasfi, président du groupe parlementaire de Machrou Tounes (dissidence de Nidaa Tounes) © Capture d’écran Youtube/Nad D

Hassouna Nasfi, président du groupe parlementaire de Machrou Tounes (dissidence de Nidaa Tounes) © Capture d’écran Youtube/Nad D

Publié le 20 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

Hafedh Caïd Essebsi, fils du président de Nidaa Tounes, Beji Caïd Essebsi, nommé au poste du coordinateur général des structures, pose dans son bureau dans le siège du parti aux Berges du Lac, le 27 mai 2014. © Ons Abid pour Jeune Afrique
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Au cœur de la crise qui frappe le pays, le fils du président est un personnage taiseux, secret et encore méconnu. Portrait d’un homme de l’ombre à qui on prête de grandes ambitions.

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Jeune Afrique : Suspension de l’accord de Carthage, offensive du chef du gouvernement contre la direction de Nidaa Tounes… Quelles sont les répercussions à l’Assemblée ?

Hassouna Nasfi : Qu’on le veuille ou non, aujourd’hui, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) est dans l’impasse. Le pays est par conséquent ingérable. La situation est d’autant plus anormale que le pouvoir s’exerce depuis l’ARP, qui pour l’heure n’est pas sollicitée. Nidaa Tounes est dans une mauvaise passe, aggravée par les propos de Youssef Chahed.

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Comment dépasser ce blocage ?

La solution que nous prônons depuis longtemps à Machrou Tounes est la création d’un front démocratique commun, d’abord au Parlement. Certains ne le comprennent pas, alors qu’un front uni hors ARP n’a pas d’effet. Le pouvoir, les lois, la politique, tout se joue dans l’hémicycle à travers les groupes parlementaires. Ceux qui exercent le pouvoir ont aussi besoin du soutien parlementaire.

Aujourd’hui, personne n’a de soutien parlementaire. Les partis eux-mêmes sont traversés par des courants différents !

Or, aujourd’hui, personne ne l’a. Les partis eux-mêmes sont traversés par des courants différents ! L’accord de Carthage aurait dû émaner de l’Assemblée. Il doit de toute façon lui être soumis in fine, ne serait-ce que pour obtenir une motion de confiance pour le gouvernement ou pour un éventuel remaniement.

On ne peut pas parler d’union de la famille démocratique du centre à travers une approche partisane. La démarche prend tout son sens et tout son poids quand elle est élaborée à partir de l’Assemblée.

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Que pensez-vous des propos tenus par le chef du gouvernement, qui impute à la direction de son parti les derniers échecs ?

S’il avait trouvé des interlocuteurs au sein de son parti, il ne se serait pas exprimé publiquement. En mars, il avait affirmé son appartenance à Nidaa Tounes, il s’est même engagé sur le terrain pour la campagne des municipales, en avril. Qu’est-ce qui a bougé entre-temps ? Aurait-il subitement changé d’avis ?

Le chef du gouvernement doit être cohérent et objectif, et expliquer les raisons de ses critiques

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Vu son statut, le chef du gouvernement doit être cohérent et objectif, et expliquer les raisons de ses critiques. Avant de quitter Nidaa Tounes pour créer Machrou, en 2015, nous avons tenté de discuter, de dépasser les divergences, et nous nous sommes exprimés d’abord pour préserver le parti.

>>> À LIRE – Tunisie : Youssef Chahed, le funambule

Il ne s’agit pas d’accuser les uns ou les autres mais de trouver des solutions rapidement. Si les résultats des municipales se répètent aux législatives de 2019, il sera impossible de constituer un gouvernement.

Cela ne sert à rien de se rapprocher et de s’unir sans savoir d’où l’on part

Il faut un réel changement avec, au préalable, une évaluation du gouvernement et de la situation générale du pays. Cela ne sert à rien de se rapprocher et de s’unir sans savoir d’où l’on part. Sinon les partis ne retrouveront pas la confiance des Tunisiens, qui sont las des bisbilles et des promesses non tenues.

Les précédentes législatives ont propulsé Nidaa et Ennahdha au pouvoir ensemble, alors que les deux partis s’opposaient. Tout le monde a voulu le consensus sans s’accorder sur le fond, notamment sur les grandes questions nationales comme la justice transitionnelle, l’Instance Vérité et Dignité (IVD), la Cour constitutionnelle. Comment s’étonner ensuite de la panne et de la crise ?

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