Le juju hat, de la coiffe camerounaise à la tendance déco

Détournée de sa fonction depuis quelques années, cette coiffe traditionnelle camerounaise est devenue un objet d’ornement.

Les créations Juju Hat. © Nelly Wandji

Les créations Juju Hat. © Nelly Wandji

KATIA TOURE_perso

Publié le 15 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

«Déco ethnique chic », « jungle », « bohème », « exotique » : les qualificatifs saugrenus sont légion pour désigner la tendance qui transforme le juju hat en objet décoratif.

Originaire du Cameroun, cette coiffe composée de plumes de poulet cousues sur du raphia tissé est pourtant destinée, en pays bamiléké, à couvrir la tête de l’aîné d’une famille au cours des funérailles de l’un de ses parents ! Ce qui fait dire à certains, comme à notre collègue Clarisse Juompan-Yakam, que c’est un sacrilège, alors que pour d’autres il s’agit d’appropriation culturelle…

Originellement, nous sommes donc très loin de la décoration murale

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Au cours des funérailles, l’aîné qui porte la coiffe a le visage masqué et est vêtu d’une tenue en ndop, tissu camerounais qui séduit au-delà de l’Afrique – la griffe Hermès s’en est inspirée. Originellement, nous sommes donc très loin de la décoration murale.

Artisanat

Juju Hat Home, boutique française de vente en ligne créée en 2013, propose des juju hats colorés allant de 90 à 190 euros. Ses produits sont directement importés du Cameroun et fabriqués en collaboration avec des artisans locaux.

« La mère de ma fille étant camerounaise, j’ai eu l’idée de me lancer dans le commerce du juju hat. Ce négoce existe depuis une dizaine d’années et fait vivre les artisans camerounais qui fabriquent l’objet », indique le fondateur de la boutique, Paul Schalchli.

Les artisans camerounais le vendent entre 50 000 et 60 000 F CFA. Le prix peut aussi monter à 90 000 F CFA

Il est loin d’être le premier à surfer sur une vague qui semble, selon Nelly Wandji, galeriste camerounaise installée à Paris, venir des États-Unis. « Mais le juju hat est exclusivement fabriqué dans l’ouest du Cameroun », précise-t-elle. « Les artisans camerounais le vendent entre 50 000 et 60 000 F CFA [entre 75 et 90 euros]. Le prix peut aussi monter à 90 000 F CFA », soutient-elle.

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400 euros pièce !

Aujourd’hui, les magazines de lifestyle occidentaux consacrent des pages entières au juju hat, puisant dans le panel des nombreuses marques de décoration et de design, comme la boutique bordelaise Kronbali, fondée en 1979 et qui en importe depuis le début des années 2010 ; des boutiques en ligne, comme la plateforme américaine Etsy – où l’on en trouve à des prix avoisinant 400 euros ; des foires consacrées à la décoration, comme la parisienne Maison & Objet, etc.

Tendance salutaire ou business mal placé ?

« Avec ces juju hats, se félicite Nelly Wandji, j’ai le sentiment de perpétuer la culture et les rites bamilékés, soit les traditions de chez moi et, ainsi, de partager mon héritage avec le visiteur lambda. De surcroît, j’apporte une valeur économique à la fabrication artisanale de ce produit ». Tendance salutaire ou business mal placé ? À chacun de trancher.

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