Le match de la semaine : Zéphirin Diabré face à Eddie Komboïgo au Burkina

Qui de Zéphirin Diabré ou d’Eddie Komboïgo s’imposera comme le principal rival de Roch Marc Christian Kaboré, le chef de l’État ?

 © Hippolyte – Illustration JA

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Publié le 14 juin 2018 Lecture : 3 minutes.

Officiellement bien sûr, ni l’un ni l’autre n’a encore fait acte de candidature. Mais, en coulisse, les états-majors de leurs partis respectifs battent le rappel des troupes en vue de l’élection de 2020 – une échéance propice à une reconfiguration de l’opposition.

Déjà, Komboïgo, le nouveau président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), sillonne les régions et mobilise de larges foules. « C’est une démonstration de force avant l’heure », préviennent des cadres de l’ex-parti de Blaise Compaoré, qui dirigea le pays pendant vingt-sept ans, jusqu’à sa chute en 2014.

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De son côté, Diabré, le patron de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), préfère botter en touche. « Je ne veux pas me prêter à ce jeu. Mon match se joue contre le MPP [Mouvement du peuple pour le progrès, au pouvoir], que je veux devancer en 2020. Tant que le CDP sera avec nous dans l’opposition, mon adversaire sera le MPP », lâche cet économiste, qui fut candidat malheureux à la présidentielle de 2015. Insistant sur les relations cordiales qu’il entretient avec l’ensemble de la classe politique, le chef de file de l’opposition assure à JA n’avoir « aucun problème avec Komboïgo », qu’il « apprécie ».

Rude duel

Le duel d’opposants promet pourtant d’être rude, tant, d’un côté comme de l’autre, l’on surfe sur les difficultés du président Kaboré à gérer le pays. Mais, dans les rangs de l’UPC comme dans ceux du CDP, on se refuse à parler de rivalité. Mieux, Komboïgo et Diabré n’excluent pas de s’allier contre le chef de l’État.

« Il est trop tôt pour l’affirmer. En politique, les choses peuvent vite changer. Tout est envisageable », tempère un analyste sous le couvert de l’anonymat. Est-ce au nom de cette entente cordiale que Diabré a fait appel au patron de l’ex-parti présidentiel pour le représenter, le 4 juin, à la session de clôture des travaux du Parlement ? Possible. « C’était au tour du CDP ! », relativise l’intéressé.

Héritier politique de Blaise Compaoré, Eddie Komboïgo, 54 ans, s’est illustré en tant qu’homme d’affaires avant de s’engager en politique après le départ de son mentor.

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Plébiscité à la tête du parti en mai, le patron du cabinet CAFEC-KA, qui a un pied dans la banque, les services et l’industrie minière, ne manque pas d’atouts. Solidement implanté dans les régions, son parti dispose de cadres compétents. L’ancien expert comptable devra toutefois ramener la cohésion en son sein, entre les tenants d’une fidélité indéfectible à Blaise Compaoré et ceux qui estiment dangereux que le mouvement soit dirigé depuis Abidjan.

Crédibilité et virginité

Face à lui, le président de l’UPC fait le dos rond. « À l’évidence, Zéphirin Diabré a davantage une stature d’homme d’État et offre une alternative plus crédible. Il souffre néanmoins d’un handicap : son appartenance à la communauté bissa [groupe ethnique minoritaire]», poursuit notre source. Diabré peut en outre compter sur un parti globalement uni, malgré quelques défections.

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Farouche opposant à Roch Marc Christian Kaboré, dont il juge la gestion décevante, le patron de l’UPC met en avant sa virginité dans la conduite des affaires de l’État. À 58 ans, ce natif de Ouagadougou, par ailleurs président d’honneur du Forum d’amitié sino-burkinabè, veut croire que son heure a sonné : « Deux des trois baobabs du Burkina, le CDP et le MPP, ont dirigé ce pays. Avec les résultats que vous connaissez. L’UPC, elle, n’a jamais gouverné. C’est le moment de nous essayer ! »

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