Musique : 47 Soul, Palestiniens sans frontières

Figure de proue de l’électro orientale, le groupe 47 Soul milite pour la liberté de circulation.

Les musiciens de 47 Soul se sont connus sur les réseaux sociaux au début des années 2010 © Victor Frankowski

Les musiciens de 47 Soul se sont connus sur les réseaux sociaux au début des années 2010 © Victor Frankowski

leo_pajon

Publié le 15 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

Ce 1er juin, lorsque le groupe 47 Soul entre sur la scène de Musiques Métisses, à Angoulême, pour lancer le festival, il comprend que la tâche va être rude. Les trentenaires n’ont face à eux guère plus d’une cinquantaine de curieux. Une heure plus tard, ce sont plus de 300 personnes en transe qui reprennent les refrains ultra-efficaces du quatuor palestinien.

Le public français a succombé à ce que le groupe a surnommé la dabkeh électro. Ce genre musical nouveau puise dans les sonorités électroniques de claviers analogiques, les riffs de guitare rock, mais aussi la musique de mariage des pays du Levant, teintée du son nasillard du mejwez, cette flûte à double conduit que l’on retrouve au Liban, en Jordanie, en Syrie, en Irak et évidemment en Palestine. Mais hormis les arabophones et les anglophones, peu de monde a saisi la portée politique de leur projet, pourtant clamée de texte en texte.

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Référence à la Nakba

Retrouvé en coulisse, Tareq Abu Kwaik, l’un des chanteurs, a lâché sa darbouka, autour de laquelle était noué un keffieh, pour s’allumer une épaisse cigarette et rappeler les origines du groupe.

47 Soul est une référence à la période d’avant la Nakba » confie Tareq Abu Kwaik

« 47 Soul est une référence à la période d’avant la Nakba [« la catastrophe », l’exode palestinien qui a suivi la guerre israélo-arabe de 1948], durant laquelle juifs, chrétiens et musulmans vivaient en paix et où les Palestiniens pouvaient encore circuler librement sur leurs terres. Ce droit à la circulation disparu, nous l’évoquons dans presque toutes nos chansons. »

>>> À LIRE – Israël-Palestine : à l’ombre de la guerre, un drame humanitaire appelé Gaza…

Tareq a longtemps vécu en Jordanie, comme son comparse Hamza Arnaout, tandis que Ramzy Suleiman habitait dans les territoires palestiniens, et Walaa Sbeit à Haïfa, en Israël, après un détour par les États-Unis. Au début des années 2010, les artistes se repèrent et s’apprécient sur les réseaux sociaux, puis commencent à répéter ensemble.

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« C’est à Amman que nous avons donné notre premier concert… Quand nous avons vu que tout le monde, des bourgeois jusqu’aux personnes qui attendaient pour nettoyer la salle, bougeait sur notre musique, nous nous sommes dit que c’était gagné ! »

Réfugiés à Londres

Depuis 2014, les artistes ont trouvé refuge à Londres, où sont nés un EP, Shamstep, puis un album, Balfron Promise (sur le label anglais Cooking Vinyl).

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Regarde ce best of pirate de nos chansons, il est vendu dans les rues de Gaza, c’est génial, non ?

« Nous ne pourrions pas nous installer en Palestine, lâche Tareq Abu Kwaik. D’abord parce que le passeport israélien de notre guitariste nous en empêche, ensuite parce qu’organiser une tournée internationale depuis là-bas est impossible. Mais nous portons la Palestine en nous, elle nous définit, ainsi que notre musique. Si ce que nous faisons n’était plus apprécié sur place, cela n’aurait plus de sens. »

Et Tareq de brandir fièrement son portable pour montrer la photo d’une pochette d’album : « Regarde ce best of pirate de nos chansons, il est vendu dans les rues de Gaza, c’est génial, non ? »

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