Services financiers : les nouveaux PayPal tissent leur toile

WeCashUp, Touch, CynetPay… Les acteurs se multiplient sur ce marché naissant mais prometteur, dans une Afrique subsaharienne encore faiblement bancarisée.

Cédric Atangana, cofondateur d’Infinity Space. © FaceBook INFINITY SPACE

Cédric Atangana, cofondateur d’Infinity Space. © FaceBook INFINITY SPACE

Publié le 2 juillet 2018 Lecture : 2 minutes.

Un homme surfe sur Internet dans un cyber-café de Cotonou, au Bénin, le 24 février 2016. © Gwenn Dubourthoumieu pour Jeune Afrique
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Focus : monétique, quel développement en Afrique ?

Dans une Afrique encore faiblement bancarisée, les acteurs se bousculent dans le secteur de la monétique, un marché naissant mais prometteur.

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En phase d’intégration sur les sites d’Air France, l’agrégateur de paiement WeCashUp, du camerounais Infinity Space, devrait traiter à partir du mois d’août l’ensemble des transactions de la compagnie sur le continent, soit 4 milliards d’euros de flux par an. « C’est un très gros marché qui nous apporte de la crédibilité », commente Cédric Atangana, cofondateur d’Infinity Space. La start-up, qui a déposé six brevets internationaux, vient de signer un contrat avec Amazon et est en discussion avec Google.

Pas moins de 155 moyens de paiement locaux (service de transfert d’argent, mobile money, porte-monnaie électronique, carte bancaire, cryptomonnaie…) sont agrégés sur WeCashUp, une solution facilement intégrable sur un site marchand. Contrairement à PayPal, c’est un intermédiaire invisible sur la Toile. Il prélève sur chaque transaction 0,20 euro et 3 % de commission, auxquels s’ajoutent des frais d’abonnement mensuels de 25 euros.

Il y a plein d’acteurs, car le marché se construit, commente Jean-Michel Hue

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« Nous voulons nous imposer comme une plateforme d’accès unique aux marchés émergents », explique Cédric Atangana. À la tête d’une équipe de quinze personnes, ce diplômé de Polytech Marseille de 26 ans cherche à lever 10 millions d’euros d’ici à la fin de l’année. C’est peu ou prou ce qu’a obtenu en 2017 son concurrent Flutterwave, fondé par le Nigérian Iyinoluwa Aboyeji et dont le siège social est aux États-Unis.

Dans les pays anglophones, la concurrence, aussi portée par le sud-africain MFS et le kényan JamboPay, est plus rude qu’en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest, où fleurissent une ribambelle de jeunes pousses spécialisées dans l’agrégation des moyens de paiement : CynetPay (Côte d’Ivoire, Mali, Cameroun), SycaPay (Côte d’Ivoire), PayDunya (Sénégal), VitePay (Mali)…

« Il y a plein d’acteurs, car le marché se construit », commente Jean-Michel Huet, associé chez BearingPoint France. Ils se distinguent par leurs offres de services – distribution de services digitaux, édition de logiciels de comptabilité et de gestion, système de facturation par SMS, paiement sur les réseaux sociaux et les sites d’annonces, rendu de monnaie sur le compte mobile money, etc. – et ne ciblent pas les mêmes segments de marché.

Un application sur smartphone

Le sénégalais Touch s’attaque ainsi au casse-tête que représente pour les marchands l’absence d’interopérabilité des comptes mobile money et des solutions de transfert d’argent. Grâce à son application téléchargeable sur un smartphone – fourni pour 35 000 F CFA (53 euros) – et moyennant des frais mensuels de connexion 3G de 1 000 F CFA, ceux-ci peuvent accepter plusieurs moyens de paiement et générer de nouvelles sources de revenus en vendant les services numériques des partenaires de Touch.

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« Nous misons sur une croissance agressive du nombre de marchands et de nos partenaires pour développer notre réseau », commente Sassoum Niang, directrice des solutions de paiement de Touch. Entre décembre 2016 et avril 2018, la start-up du Dakarois Omar Cissé a traité 2,5 millions d’euros de transactions, soit 26 millions de flux financiers – en dehors des 350 stations Total équipées de sa solution de paiement.

Tous parient sur la croissance du marché des services financiers mobiles dans les années à venir en Afrique subsaharienne. « L’Afrique du Nord est en retard, car le taux de bancarisation y est plus élevé », souligne Jean-Michel Huet. Il atteint 50 % à 60 % au Maghreb, contre une moyenne de 15,7 % au sud du Sahara.

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