[Tribune] Mondial 2026 : pourquoi le Maroc a quand même gagné

On dit souvent que l’histoire n’est qu’un un éternel recommencement. Face au trio nord-américain, le Maroc a encore perdu. Disons-le quand même : il a gagné son pari. Cette campagne lui a offert une visibilité inédite pour ­promouvoir ses atouts à l’international.

Pendant les matchs préparatoire au Mondial 2018 en Russie. © MAbdeljalil Bounhar/AP/SIPA

Pendant les matchs préparatoire au Mondial 2018 en Russie. © MAbdeljalil Bounhar/AP/SIPA

Publié le 25 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

Logo du Maroc lors de la conférence de presse pour promouoir la candidature du Maroc pour la coupe du Monde de 2026. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA
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Maroc 2026 : une défaite prometteuse ?

Après une cinquième déconvenue, le royaume est candidat pour organiser le Mondial 2030. Jouable ? Oui, à condition qu’il corrige ses erreurs.

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Depuis près de quinze ans, Rabat mène une politique tous azimuts d’accueil d’événements sportifs. Certains ont une dimension internationale : on pense au trophée Hassan-II de golf, qui compte pour l’European Tour depuis 2010, à l’organisation de la Coupe du monde des clubs de la Fifa en 2013 et en 2014 ou au tournoi ATP250 de Marrakech. D’autres, une dimension continentale : les prochains championnats d’Afrique de judo en 2020, le championnat d’Afrique des nations de football (Chan) en 2018, les championnats d’Afrique d’athlétisme en 2014. Sans compter les événements régionaux : compétitions locales de football, tennis, athlétisme, handball, basket, etc.

Le sport apparaît aussi comme une aubaine pour favoriser la modernisation structurelle du royaume. Les opérations de mise à niveau des équipements existants vont se poursuivre. Ainsi que la réalisation de nouvelles infrastructures répondant aux standards internationaux, telles que des stades modulaires, 21 nouveaux hôpitaux pour améliorer l’accès aux soins et un réseau ferroviaire et autoroutier élargi (raccordement LGV de plusieurs villes marocaines et passage à 3 000 km d’autoroute).

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Un outil de communication publique

Le royaume entend surtout utiliser cette politique comme un outil de communication publique. On appelle cela le soft power. Le sport – le football en particulier – en est un vecteur. L’analyse du dossier de candidature (bid book) pour la candidature à la Coupe du monde 2026 propose une grille de lecture éclairante.

Le Maroc y vante sa société dynamique, moderne et ouverte, bien loin de l’image autoritaire reléguée ces dernières années aux oubliettes de l’Histoire. La sémantique est soignée : « paix », « tolérance », « héritage », « passion du football », « pont entre les civilisations », « fraternité », « jeunesse » sont autant de termes qui se répètent et associent le royaume à des concepts positifs, permettant de façonner et convaincre, si ce n’est séduire, les opinions publiques, intérieures comme étrangères.

Réflexion dans le monde arabe

Indéniablement, les bénéfices – aux niveaux politique, économique et culturel – de la mobilisation d’une telle symbolique font l’objet d’une importante réflexion dans le monde arabe, comme en témoignent les exemples des Émirats arabes unis ou du Qatar. L’un comme l’autre puisent dans des univers aussi divers que complémentaires – culture, éducation, information, développement durable et sport pour rehausser leur image sur la scène internationale.

La candidature marocaine a la beauté et la réserve d’une promesse encore à tenir. Et si influencer par le sport avait autant d’impact, sinon davantage, que de convaincre par la force ?

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