Face-à-face : joute au fil de l’eau à Dakar entre la SDE, Suez et Veolia
Les trois entreprises se livrent à une bataille acharnée pour remporter la concession du service public de l’eau dans la capitale sénégalaise. A la manœuvre : Bertrand Camus, vice-président de Suez pour le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Asie, l’Inde et le Pacifique ; Patrice Fonlladosa, président Afrique et Moyen-Orient de Veolia et Abdoul Ball, directeur général de la Sénégalaise des eaux.
La bataille fait rage entre la Sénégalaise des eaux (SDE), Suez et Veolia pour remporter la nouvelle concession de l’exploitation et la gestion du service public de l’eau potable en milieu urbain. Selon Dakar, le verdict sera connu avant la fin du mois. La SDE devancerait, d’après les informations de Jeune Afrique, l’opérateur français Suez grâce à une offre financière moins-disante, ce qui, en vertu des termes de l’appel d’offres, suffit à la déclarer vainqueur.
Le bon bilan de la SDE
De surcroît, aux yeux d’Abdoul Ball, patron de la SDE, concessionnaire du contrat d’affermage depuis 1996, son bilan plaide en sa faveur avec une progression du taux d’accès au service de l’eau de 80 à 98 % entre 1996 et 2017 et un rendement du réseau en hausse.
Autre argument, et pas des moindres, la SDE, qui emploie 1 200 nationaux, est contrôlée à 32,2 % par des privés sénégalais, l’État et les salariés détenant chacun 5 %. Les 57,8 % restants appartiennent au groupe industriel Eranove, propriété de la société d’investissement Emerging Capital Partners.
Cela suffira-t-il à sa victoire ? Les deux autres prétendants, Suez et Veolia, qui avaient devancé la SDE d’une courte tête grâce à leurs offres techniques déposées en janvier, mettent en avant leurs expériences internationales.
Facteur politique
Suez peut en outre se targuer d’avoir remporté au Sénégal une partie du marché de construction de la station de traitement d’eau potable devant assurer l’alimentation du triangle urbain Dakar-Thiès-Diamniadio d’ici à 2035.
Mais du point de vue des autorités, les profils des géants français pourraient aussi présenter des inconvénients. Le fait que Suez n’exploite aucun réseau d’eau potable en partenariat public-privé sous concession en Afrique subsaharienne et le conflit entre Veolia et l’État gabonais sont de nature à fragiliser leurs candidatures, analyse un observateur.
Enfin, sur un plan purement politique, à quelques mois de la présidentielle de février 2019, le président Sall peut-il donner du grain à moudre à ceux qui lui attribuent une proximité coupable avec les intérêts français ?
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