Gastronomie : nos cinq meilleures tables africaines à Paris

Encore largement méconnue, la cuisine subsaharienne a pourtant de talentueux ambassadeurs. Palmarès – subjectif – des adresses phares de la capitale française.

Ohinéné Edith Gnapié, dans son restaurant Ohinéné, à Paris. © Jean-Benoit Chauveau / DR

Ohinéné Edith Gnapié, dans son restaurant Ohinéné, à Paris. © Jean-Benoit Chauveau / DR

leo_pajon

Publié le 7 juillet 2018 Lecture : 4 minutes.

Faites le test auprès d’un ami parisien qui n’a pas d’origine africaine : demandez-lui de vous citer un plat typique du continent qui ne soit ni le maffé ni le yassa. Et regardez-le s’épuiser en réflexions. Largement sous-représentée dans la littérature culinaire en français, la cuisine africaine apparaît aussi assez peu sur les menus de l’Hexagone. À Paris, le site spécialisé lafourchette.com recense ainsi 99 adresses gourmandes afro, contre plus de 1 200 restos « asiatiques ». Et encore, on distingue les tables japonaises, chinoises, vietnamiennes, thaïlandaises… quand les gastronomies de toute l’Afrique subsaharienne sont toujours bizarrement confondues.

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Pourtant, la capitale voit l’émergence de nouveaux lieux. Aux chaînes de fast-food comme Afrik’N’Fusion, née en 2010, s’ajoutent aujourd’hui des cantines afro très recommandables comme BMK (14, rue de la Fidélité, Xe arrondissement), où l’on peut s’offrir un plat du jour à moins de 13 euros. Nous avons voulu ici mettre en avant cinq adresses chics au-dessus du lot (hors Maghreb et Éthiopie, catégories qui peuvent faire l’objet à elles seules d’autres palmarès) en sollicitant les avis de plusieurs membres de la rédaction. Nos critères sont ceux du guide Michelin (qualité des produits, maîtrise des cuissons, personnalité du chef, rapport ­qualité-prix, constance de la prestation dans le temps). Un petit plus a été accordé aux tables qui attirent des personnalités africaines du monde politique, économique, sportif ou artistique. Bon appétit !

  • LE COQ NOIR

92, boulevard Victor-Hugo, 92110 Clichy, www.lecoqnoir.fr

Prix moyen* : 42 euros

Aux portes de Paris, cet établissement iconique a connu des hauts et des bas (le service s’étant dégradé), avant de retrouver sa place de champion des restaurants parisiens. Plébiscitée par le gotha de la diaspora camerounaise, et particulièrement par de grands musiciens (lors de notre dernier passage, Manu Dibango y prenait tranquillement un verre), l’adresse, tenue par la volubile Bretonno-Bassa Marie-Christine Riou, a tout pour plaire. Service souriant, grande salle pouvant accueillir quelque 110 gourmands, déco sombre et sobre, réfléchie par d’innombrables miroirs (et un peu gâchée par deux écrans géants), musique live à partir de 21 h 30 les vendredis et samedis. Et surtout une cuisine aussi maîtrisée que copieuse ! On conseille en priorité les spécialités camerounaises : n’dolé, poulet DG et l’incomparable soya (des brochettes de bœuf mariné).

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*Calculé hors menu, pour une entrée, un plat et une boisson.

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  • OHIHÉNÉ
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14, rue de la Chine, 75020 Paris www.ohinene.fr

Prix moyen : 30 euros

C’est la seule adresse de notre liste qui s’affiche fièrement non comme un restaurant africain, mais comme une table ivoirienne. Dans une rue de l’Est parisien, ce petit établissement de 28 couverts à la déco colorée a su se forger une solide clientèle d’habitués en cinq ans. La patronne, Édith Gnapie, qui a appris à cuisiner auprès de sa mère, restauratrice à Odienné, reprend les grands classiques de la gastronomie ivoirienne en les adaptant très légèrement pour composer une nourriture moins grasse et moins épicée qui mise sur des herbes aromatiques de substitution (la livèche ou l’estragon mexicain, proche de l’anis). Le poulet fermier remplace le « poulet bicyclette », mais l’attiéké, le bissap ou le foutou sont importés. On (re)vient ici pour le kedjenou, le rhum gingembre, les desserts succulents (Édith possède aussi un CAP pâtisserie) autant que pour le sourire de la patronne !

  • LA VILLA MASAAI

Restaurant la Villa Maasai, Paris. © DR

Restaurant la Villa Maasai, Paris. © DR

9, boulevard des Italiens, 75002 Paris villamaasai.fr

Prix moyen : 36 euros

Avec ses 300 couverts, son style métissant architecture néoclassique (entrée en marbre, colonnades) et déco ethnique (tissus zébrés, masques africains…), cet établissement, ouvert en septembre 2017, situé à deux pas de la place de l’Opéra, est indéniablement le plus looké de notre sélection. Créé par quatre frères et une sœur, la famille Houssou, d’origine béninoise, qui gérait déjà un établissement dans le XVIIIe arrondissement, il entend redorer l’image de la gastronomie africaine. Dans ce cadre bluffant, le restaurant propose les fondamentaux de la cuisine du continent (maffé, yassa, n’dolé, tiéboudienne…) et des classiques « adaptés » des brasseries françaises (souris d’agneau accompagnée de patates douces, gratin d’igname…). Et ce pari de la fusion est une réussite totale.

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Safou farcie au restaurant Moussa l'Africain, à Paris. © Jean-Luc Tabuteau / DR

Safou farcie au restaurant Moussa l'Africain, à Paris. © Jean-Luc Tabuteau / DR

  • MOUSSA L’AFRICAIN

21, rue Pierre-Lescot, 75001 Paris

Prix moyen : 29 euros

Ouvert en novembre, cet établissement d’une cinquantaine de couverts n’est pas tenu par un inconnu. Le patron, d’origine camerounaise, Alexandre Bella Ola, gère déjà une autre institution africaine, à Montreuil : Rio Dos Camaraos. Il est l’un des chefs parisiens qui a contribué à populariser la cuisine du continent, grâce à ses ouvrages et à ses chroniques dans les médias français. Il défend depuis plus de vingt ans des assiettes inventives, métissées et peu grasses. Cette nouvelle adresse, conçue comme un « bistrot afropéen », lui permet de proposer des fondamentaux, comme le n’dolé, ainsi que des plats à emporter : on vient acheter du maffé en pot, à déguster à l’extérieur, et l’on rapporte le récipient. Qui dit bistrot dit boissons : Bella Ola a opté pour des vins naturels et des bières pression artisanales.

  • L’AFRICAN LOUNGE

20 bis, rue Jean-Giraudoux, 75016 Paris

Ne vous laissez pas désarçonner par sa déco un peu kitsch, les revêtements de mur imitation croco et les sets de table léopard. Tenue par une patronne nigérienne (associée à des cuisinières camerounaises et sénégalaises), cette institution parisienne, située à quelques mètres des Champs-Élysées, vaut toujours le détour. Jacques Chirac, quand il était encore un insatiable gourmet, et Serena Williams, plus récemment, sont passés plusieurs fois par cet établissement exigu. Les tarifs sont un peu élevés, mais la qualité est au rendez-vous : produits frais, assaisonnement maîtrisé, riz parfaitement cuit en accompagnement… on a adoré le folong et apprécié le yassa (un peu noyé sous les olives). À privilégier pour un repas d’affaires dans le centre de Paris.

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