Tendance : Flora Coquerel, de Miss France à Miss Mode
Flora Coquerel joue les apprentis reporters dans un documentaire en phase avec l’une de ses passions : l’Afrique et sa haute couture.
Son allure impressionne. Jambes interminables, port impeccable, visage parfaitement dessiné, sourire éclatant et voix rieuse. Pour autant, Flora Coquerel se montre particulièrement affable et ne s’embarrasse pas de simagrées. Elle répond du tac au tac, entre deux rires, visiblement ravie d’évoquer son expérience de journaliste tout terrain dans Wax in the City, un film d’Élie Séonnet (voir ci-dessous) pour lequel l’ex-Miss France est allée à la rencontre de ceux qui font les modes et les tendances africaines.
La jeune Flora, née en France d’une mère béninoise kotokolie et d’un père français, se rend au Bénin depuis l’enfance
« C’est un thème qui me tenait déjà à cœur. Je me suis sentie très à l’aise avec le sujet », confie celle qui, adolescente, rêvait de devenir styliste et vouait une admiration sans bornes à Alphadi, qu’elle surnomme « le prince du Niger ». Pourtant, Flora Coquerel appréhendait un peu la mission que lui a confiée Élie Séonnet.
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Ce n’est pas si évident de se mettre dans la peau d’une journaliste… J’ai plutôt l’habitude de répondre aux questions que de les poser. Mais j’ai eu la chance d’être bien accompagnée. Gageons que son travail a été facilité par le choix des intervenants. Un ensemble de stylistes qu’elle côtoie et dont elle porte les créations. Notamment l’Ivoirien Elie Kuame, « son ami et chouchou », pour qui elle pose de temps à autre et qui, dans son cœur, a presque remplacé Alphadi. Et puis la jeune Flora, née en France d’une mère béninoise kotokolie et d’un père français, se rend au Bénin depuis l’enfance et s’attelle désormais à explorer, seule, d’autres pays du continent.
Imprimé bogolan
Après des études de commerce international et une année comme ambassadrice de la beauté made in France, elle multiplie les participations aux événements du continent, comme la Dakar Fashion Week de 2017. Plus récemment, la Miss a fait partie du jury des African Fashion Talents, à Casablanca.
Quatre ans après avoir été couronnée Miss France, serait-elle en passe de devenir l’une des nouvelles ambassadrices de la mode africaine ? Lors de l’élection Miss France 2016, elle arborait une robe en imprimé bogolan, signée Nanawax, qui a largement fait parler d’elle.
Mais Flora Coquerel n’est pas seule ! En novembre 2017, lors du défilé d’Adama Paris et d’Omar Victor Diop organisé en marge de l’exposition « Malick Sidibé, Mali Twist », à la Fondation Cartier (Paris), elle était au premier rang aux côtés de Sonia Rolland et Corinne Coman.
Milieu associatif
La première, franco-rwandaise, a été élue Miss France en 2000, et la seconde, guadeloupéenne, en 2003. « Nous sommes toutes fières de nos origines. En tant que Franco-Africaines, Sonia et moi avons l’ambition de mettre en avant nos cultures grâce à nos actions et nos associations respectives. » Kelina, c’est le nom de l’association que Flora Coquerel a fondée avec ses parents, en 2014. Elle œuvre notamment à la construction d’une maternité à Akarade, village de sa grand-mère maternelle, dans le nord-ouest du Bénin. « Mes parents avaient déjà leur propre structure, donc j’ai grandi dans le milieu associatif. Quand on allait au Bénin, c’était autant pour voir la famille que pour faire du parrainage scolaire en collaboration avec des associations locales. »
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Ces activités visent-elles à faire oublier qu’elle a été Miss France ? « Non, dit-elle de façon catégorique. J’en suis fière. Ce n’était pas un rêve, mais j’ai eu la chance de gagner. Ce fut une très belle expérience qui fait partie de moi. En revanche, je ne veux pas être mise dans une case. Avoir été Miss France ne fait pas de moi la personne que je suis aujourd’hui. On ne parle que d’une année de ma vie ! Je n’ai que 24 ans, et il me reste énormément de choses à explorer. » Comme le Rwanda, destination soufflée par sa complice Sonia Rolland, et l’Afrique anglophone, où la fashion sphere a aussi largement de quoi la séduire.
Documentaire : Wax in the City d’Élie Séonnet, couleurs métisses en partage
Un titre accrocheur – référence sans équivoque à celui de la série culte Sex and the City. Une intervieweuse qui maîtrise son sujet (en l’occurrence, la Franco-Béninoise Flora Coquerel). Des intervenants triés sur le volet. Un fil narratif ingénieux. Quelques mises en scène ludiques. Autant d’éléments qui confèrent à Wax in the City, documentaire sans prétention, un intérêt aussi pédagogique que divertissant pour ceux qui font encore rimer « modes africaines » avec « wax ».
Quand le réalisateur et producteur Élie Séonnet a choisi de se lancer dans le tournage de ce film, il avait deux intentions bien précises. Premièrement, « utiliser le wax et ses complexités comme support pour évoquer le métissage et le mélange de cultures qui s’opèrent en France ». Deuxièmement, « emmener le public bien plus loin quant à sa connaissance de la mode africaine ». Paris réussis ? Plutôt. On découvre la tendance incarnée par une griffe comme Maison Château Rouge dans la grande métropole européenne qu’est Paris ou par des marques comme Nash Prints It et Nanawax, à cheval entre le continent africain et l’Europe.
Mais on s’émancipe aussi de la tendance en découvrant, à travers quelques grandes figures, l’existence de la haute couture africaine, qui utilise aussi bien d’autres tissus. Interviennent alors la Sénégalaise Adama Paris ou Elie Kuame, créateur ivoirien très porté sur le faso dan fani, tissu typiquement burkinabè. « L’ensemble de ces intervenants participent d’une même histoire avec une même ambition : une mise en lumière du brassage des cultures et un regard optimiste sur le développement du continent. » Le propos du réalisateur paraîtrait incroyablement simpliste si l’on oubliait que son film ne s’adresse pas aux connaisseurs. En témoignent l’aperçu historique, clin d’œil aux Nana Benz du Bénin, et le passage chez Vlisco, géant hollandais du wax.
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