France : le jus de bissap de plus en plus tendance
Consommé principalement en Afrique de l’Ouest, le jus de bissap connaît un succès grandissant en France, où il est commercialisé par une multitude d’entrepreneurs.
C’est un rafraîchissement sur lequel il est difficile de faire l’impasse. Au Sénégal, en Guinée, au Mali, au Burkina Faso, au Bénin ou en Côte d’Ivoire, le jus de bissap fait office de boisson nationale. Cette infusion de fleurs d’hibiscus de couleur rouge, à forte teneur en vitamine C et en oligo-éléments, aurait de nombreuses vertus : propriétés anti-âge, antalgique, anticholestérol, remède contre l’hypertension artérielle, les troubles digestifs, etc.
Depuis novembre 2017, le chef d’entreprise Ibou Diatta la commercialise dans plusieurs points de vente en France et sur l’île de La Réunion, sous sa propre marque, Balante, du nom de son entreprise située près de Lyon (sud-est de la France). Il travaille avec des coopératives de femmes du Sine Saloum, au Sénégal, qui lui fournissent les fleurs d’hibiscus. Celles-ci sont ensuite traitées dans une usine sénégalaise avant de rejoindre la France par avion.
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C’est dans la capitale des Gaules que les fleurs sont transformées en jus agrémenté de vanille de Madagascar et de menthe pour donner un produit « 100 % naturel » qui coûte 2 euros. « Je me suis rendu compte qu’en France on aime manger de tout. Or la gastronomie africaine reste peu connue. Balante est une marque qui a vocation à faire connaître les produits africains et les rendre accessibles à tous. J’ai donc choisi le bissap, très consommé en Afrique de l’Ouest, comme tout premier produit », explique Ibou Diatta.
Coopératives de femmes sénégalaises
Dans l’Hexagone, il est loin d’être le seul entrepreneur à avoir misé sur ce breuvage. Outre leur marque de vêtements Maison Château Rouge, Youssouf et Mamadou Fofana conçoivent, en 2015, Bana-Bana. Ils collaborent avec des coopératives de femmes sénégalaises, dans les régions de Thiès et de Kaolack, et une société d’embouteillage de Dakar. À l’époque, les deux frères entendent bénéficier de la vente de leur produit pour le financement de leur projet Les Oiseaux migrateurs, « qui vise à soutenir des initiatives locales pour le développement de TPE et PME africaines ». Pour le moment, ils peaufinent encore leur stratégie de vente et de marketing avec un prix fixé à 3 euros pour leur boisson, en attendant de pouvoir en réduire le coût.
Aux États-Unis, le bissap a été mis sur le marché grâce à la Sénégalaise Magatte Wade, à la tête, depuis 2004, de son entreprise Adina World Beat Beverages
« De plus en plus d’entrepreneurs se lancent dans ce commerce parce que le jus de bissap est un produit sain et forcément équitable », indique Mamadou Fofana. Autre exemple, dans le Val-d’Oise, avec la cannette Kifsa, lancée par trois amis en août 2017 au prix de 1,60 euro l’unité.
Produite par une entreprise de Montpellier, la boisson est agrémentée d’une pointe de carotte et de menthe. La marque d’épicerie fine strasbourgeoise Moriba Saveurs d’Afrique en propose, elle aussi. Prix : 2,90 euros les 20 cl et 5,50 euros les 75 cl. La bouteille Moriba est également disponible à Berlin et à New York.
Aux États-Unis, le bissap a été mis sur le marché grâce à la Sénégalaise Magatte Wade, à la tête, depuis 2004, de son entreprise Adina World Beat Beverages, au chiffre d’affaires annuel de 3,2 millions de dollars (2,75 millions d’euros). Établie à San Francisco, elle choisit en 2011 de proposer une gamme de jus de fruits dont l’une des saveurs est le bissap de son pays natal, couplé à du citron. Outre le jus, la fleur d’hibiscus est tout autant prisée en dehors du continent africain sous la forme de sirop et de sachets déshydratés.
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