Cameroun – Célestin Tawamba : « Notre système fiscal est confiscatoire »

Le président du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), Célestin Tawamba, dévoile quelques orientations du premier livre blanc de l’économie camerounaise que la principale centrale patronale du pays s’apprête à publier.

Célestin Tawamba, président du GICAM, dans son bureau de Douala, Cameroun, le 29 Juin 2018. © Adrienne Surprenant/Collectif Item pour JA

Célestin Tawamba, président du GICAM, dans son bureau de Douala, Cameroun, le 29 Juin 2018. © Adrienne Surprenant/Collectif Item pour JA

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Publié le 19 juillet 2018 Lecture : 2 minutes.

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Élu en juin 2017 à la tête de la principale centrale patronale du pays et, en mai 2018, à la présidence de l’Union des patronats d’Afrique centrale (Unipace), Célestin Tawamba, le fondateur du groupe Cadyst Invest (Cinpharm, SIPP, La Pasta, Panzani Cameroun) dévoile quelques orientations du premier livre blanc de l’économie camerounaise que le Gicam s’apprête à publier.

Jeune Afrique : Où en est le livre blanc que le Gicam élabore depuis bientôt un an ?

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Célestin Tawamba : Il sera présenté en septembre. C’est un projet capital pour le Gicam et sur lequel notre engagement est total. Au moment où s’accumulent des signes qui font craindre une mise en péril de l’ambition de faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035, ce livre blanc vise à proposer des voies et des moyens d’asseoir, de manière pérenne, la compétitivité des entreprises. Entreprises dont le développement est le gage d’une croissance élevée, durable et inclusive.

À quel point la crise dans les régions anglophones affecte-t‑elle l’économie ?

Son incidence va grandissant. Les entreprises sont sévèrement touchées dans la plupart des secteurs, avec des pertes d’activité qui vont de 5 % dans la banque à 50 % dans la distribution.

En recevant le ministre des Finances, le 28 mai, vous avez dit que la fiscalité était un obstacle à ce développement. Pourquoi ?

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Aujourd’hui, le régime fiscal camerounais se caractérise par un taux de fiscalisation effectif du secteur formel qui, pour certains secteurs, va bien au-delà de la norme. Ce, alors même que le taux de mobilisation des recettes est insuffisant. D’où un glissement vers un système fiscal confiscatoire – un système de taxation sur la base du chiffre d’affaires – qui n’est pas corrélé au bénéfice réel des entreprises.

Un changement de paradigme fiscal s’impose, avec la mise en place d’une fiscalité qui dépasse les légitimes contraintes des finances publiques pour tendre vers des objectifs résolument économiques et sociaux. C’est le sens de la proposition de réforme fiscale soumise au ministre des Finances. D’autres freins au développement sont liés au cadre légal et réglementaire, à l’application par l’Administration de la législation, ainsi qu’au déficit des infrastructures, etc. Le livre blanc en fera mention de manière extensive.

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L’État va-t‑il assez loin dans le paiement de la dette due aux entreprises ?

Il s’est retrouvé confronté à une baisse de ses recettes, alors que ses besoins budgétaires devenaient de plus en plus importants. Conséquence immédiate : un endettement en hausse et une accumulation de la dette intérieure, fortement préjudiciable aux entreprises.

Les milieux d’affaires ont donc favorablement accueilli les engagements de l’État relatifs à l’apurement de cette dette, notamment celle due aux PME, et ces derniers mois le Gicam a relevé des signaux encourageants, avec le règlement de 42 milliards de F CFA [64 millions d’euros]. Mais on reste loin du compte, d’où la nécessité de poursuivre et de consolider la dynamique enclenchée.

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