Le Club des Pins : une cage dorée au cœur de l’Algérie
Objet de fantasme, le Club des pins est l’un des lieux les plus connus des Algériens… et l’un des plus mystérieux.
Cas unique au Maghreb, la Résidence du Sahel, son nom officiel, a été conçue pour mettre à l’abri, à 25 km à l’ouest d’Alger, tout ce qui aurait pu constituer une cible potentielle pour les terroristes dans les années 1990 : ministres, anciens ministres, responsables de partis politiques – de la majorité comme de l’opposition –, procureurs, juges, haut gradés de la police, de l’armée, des douanes, hommes d’affaires, directeurs de médias, etc.
Le 20 juin, un décret présidentiel publié au Journal officiel a scellé l’incessibilité des biens du Club des pins de façon rétroactive, ce qui signifie que l’État peut y récupérer des biens immobiliers même s’ils ont été cédés à des particuliers. Longtemps, l’endroit a été perçu comme l’épicentre du pouvoir réel, les bâtiments officiels tenant lieu de décor en carton-pâte. Il n’en est plus rien aujourd’hui. « L’été dernier, nous avons subi plusieurs coupures d’eau et d’électricité », raconte un habitant.
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« Autant protégés que surveillés »
La résidence, à en croire certains, se serait transformée en cage dorée. « Ma femme évite de se baigner sur la plage privée, explique un ministre. Ce serait gênant de croiser l’un de mes collègues du gouvernement. » Un autre se plaint de ne pouvoir recevoir librement à son domicile : « Autant protégés que surveillés. » Le même relate que, en déplacement à l’étranger, ses homologues lui demandent souvent si le complexe dispose d’une piste pour les jets privés : « Ils n’en reviennent pas quand je leur dis que non seulement ce n’est pas le cas, mais qu’avec les embouteillages il nous faut souvent plus d’une heure pour rallier l’aéroport d’Alger. »
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