Maroc : le Cercle des patriotes, machine à idées d’Akhannouch ?

Un nouveau think tank marocain vient de voir le jour : le Cercle des patriotes. À sa tête, des proches du ministre de l’Agriculture et président du Rassemblement national des indépendants (RNI), le milliardaire Aziz Akhannouch. Des meneurs qui laissent peser le doute sur l’indépendance de ce centre de réflexions.

Aziz Akhannouch lors d’un forum international sur l’Afrique, le 7 octobre 2013 © Hervé Cortinat/OCDE developpment Center/Flickr

Aziz Akhannouch lors d’un forum international sur l’Afrique, le 7 octobre 2013 © Hervé Cortinat/OCDE developpment Center/Flickr

CRETOIS Jules

Publié le 26 juillet 2018 Lecture : 2 minutes.

Le Cercle des patriotes a été présenté au Carré d’Or, à Casablanca. Le think tank aspire davantage à rassembler un carré d’as. Pour ouvrir le bal, le 12 juillet, lors de la conférence de présentation, entre autres invités de marque, Ahmed Rahhou, président de CIH Bank et membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE).

Et aux manettes, Ghali Fassi Fihri et Ghassane Benchekroun. Le premier est directeur financier au ministère de l’Agriculture, le second d’une filiale d’Akwa Group. Une personnalité les rassemble : Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, actionnaire principal d’Akwa et président du Rassemblement national des indépendants (RNI). De là à considérer le rassemblement comme un appendice du parti, il n’y a qu’un pas. À ne pas franchir, met en garde le Cercle, qui se défend d’être le « think tank d’Akhannouch ».

La vocation politicienne prêtée au think tank, autour duquel gravitent une centaine de personnes, serait donc imaginaire

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Sa création, assurent les membres, n’a rien à voir non plus avec le boycott qui a affecté les entreprises de ce dernier. Ils en veulent pour preuve que les premiers contacts au sein du noyau dur – une quinzaine de personnes – ont été établis bien avant le début du mouvement, en février dernier. La vocation politicienne prêtée au think tank, autour duquel gravitent une centaine de personnes, serait donc imaginaire.

Culture à gauche

Le Cercle pourrait pourtant rappeler les débuts du Mouvement pour tous les démocrates (MTD). Constitué en 2008, c’est de ce dernier qu’est né le Parti Authenticité et Modernité (PAM), machine électorale redoutable qui fait office de contrepoids aux islamistes du PJD.

>>> À lire – Maroc : Aziz Akhannouch, l’homme clé de la difficile gestation du gouvernement

Dans les rangs du MTD, à l’origine, se côtoyaient des défenseurs des droits de l’homme, Fouad Ali El Himma, proche de Mohammed VI, et… Aziz Akhannouch. Mais Benchekroun a été, selon ses dires, davantage imprégné par la culture de gauche de ses parents, anciens militants de l’opposition marxiste à Hassan II.

Le think tank proposait de débattre des nouveaux modèles de développement

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L’an dernier, il a présidé durant quelques mois le réseau associatif Tariq Ibnou Ziyad. Initiative, qui promeut l’action politique auprès de la jeunesse. Avec son ami Ghali Fassi Fihri, il rêve désormais de faire du Cercle une machine à produire des idées. Pour l’ensemble des décideurs.

Techno mais pas trop

Ainsi, le 12 juillet, le think tank proposait de débattre des « nouveaux modèles de développement ». Avec un focus sur la régionalisation, révolution institutionnelle souvent invoquée mais peu débattue. Sur scène, Rahhou en salue le principe et se montre critique sur des points techniques.

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Autre sujet dont les « patriotes » pourraient se saisir : les retombées négatives sur l’emploi des accords de libre-échange entre le Maroc et la Turquie. Le public visé illustre aussi une particularité assumée par ses fondateurs : le think tank s’adresse aux « dirigeants » plutôt francophones.

Des jeunes cadres qui aimeraient s’investir dans la vie civique, sans adhérer à un parti. Le risque ? L’adoption d’un langage technocrate, déjà omniprésent chez de nombreux décideurs au Maroc. Un proche du Cercle assure que pour l’éviter le think tank fera aussi appel aux sciences humaines.

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