Maroc : voyage à Dar Dbagh Chouara, la tannerie de Fès

Grâce aux récents programmes de réhabilitation, l’artisanat du cuir de Fès, au Maroc, attire chaque année près d’un million de touristes.

Une vue de Dar Dbagh Chouara, site du patrimoine mondial de l’Unesco, au cœur de l’ancienne médina de Fès (image d’illustration). © Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA

Une vue de Dar Dbagh Chouara, site du patrimoine mondial de l’Unesco, au cœur de l’ancienne médina de Fès (image d’illustration). © Mosa’ab Elshamy/AP/SIPA

Publié le 27 juillet 2018 Lecture : 2 minutes.

En entrant dans l’une des immenses boutiques de Dbagh Chouara, en plein cœur de la médina de Fès, une sensation de vertige prend le visiteur : des milliers de sacs, de vestes, de babouches accumulés de toutes parts imprègnent les salles d’un très fort parfum de cuir.

Les commerçants fassis se hâtent de tendre aux clients des branches de menthe qu’il faut « mettre sous le nez et respirer très fort comme un masque à gaz », avant de les mener sur le toit.

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Gestes inchangés

La vue est impressionnante. Sous un soleil de plomb, des dizaines d’artisans s’affairent pieds nus pour plonger leurs grandes peaux de cuir dans des centaines de cuves de toutes les couleurs, avec, en arrière-plan, vue sur la médina.

Une technique entièrement manuelle qui fascine et fait la fierté des Fassis

Tout autour, des visiteurs s’attablent sur des terrasses, un thé à la main, pour observer ces gestes inchangés depuis le XIIe siècle. Et ce, malgré les odeurs particulièrement désagréables.

Les cuves de teinture naturelle de la tannerie de Fès contiennent du henné, du safran, du bois de cèdre, de la menthe, de l’indigo ou encore de la fleur de pavot. © Adel Hana/AP/SIPA

Les cuves de teinture naturelle de la tannerie de Fès contiennent du henné, du safran, du bois de cèdre, de la menthe, de l’indigo ou encore de la fleur de pavot. © Adel Hana/AP/SIPA

Les tanneurs plongent en effet les peaux dans des solutions composées d’eau salée, d’urine de vache, de fiente de pigeon et d’oxyde de calcium afin de les assouplir pendant trois jours. Puis ils les acheminent dans d’autres cuves de teinture naturelle à base de henné, de safran, de bois de cèdre, de menthe, d’indigo ou encore de fleur de pavot afin de les colorer en orange, jaune, marron, vert, bleu, rouge… Une technique entièrement manuelle qui fascine et fait la fierté des Fassis.

Peau neuve

Les tanneries sont le centre d’activité principal de Fès. Sur les 90 000 habitants qui peuplent la médina, classée au patrimoine de l’Unesco, pas moins de 30 000 sont des artisans. Près de 500 d’entre eux travaillent comme maîtres artisans dans les 1 200 bassins et les ateliers de Chouara, vieux de neuf cents ans. Et la plus grande tannerie du royaume attire toujours plus de visiteurs (Fès dans son ensemble comptabilisait 947 000 nuitées touristiques en 2017).


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Tout comme les deux autres tanneries de la médina, elle a fait partie du programme de réhabilitation mené sur cinq ans par l’Agence pour le développement et la réhabilitation (Ader) de la médina. Comme l’explique Fouad Serrhini, directeur de l’Ader : « Il a fallu rénover les tanneries une par une… et indemniser les artisans. »

Un chantier de plus de 1 milliard de dirhams (90 millions d’euros) a permis la renaissance de 27 monuments, de 4 caravansérails et de divers riads… Sans compter les avantages en matière d’emploi : plus de mille auraient été créés grâce à la rénovation des tanneries. Un programme complémentaire (chiffré également à plus de 1 milliard de dirhams) vise à créer un système d’information numérique et des audioguides à destination du visiteur. De quoi solliciter un nouveau sens pendant les visites : l’ouïe s’ajoutant enfin à la vue… et à l’odorat.

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