Tunisie : Ennahdha en embuscade

Profitant de la crise entre Béji Caïd Essebsi (BCE), le président, et Youssef Chahed, son Premier ministre, Ennahdha avance ses pions.

Tunisian Former Minister of Agriculture, Mondher Zenaidi attends before submitting his candidacy for the upcoming Presidential elections on September 22, 2014 in Tunis, Tunisia. Mohamed Hammi/Sipa Press/HAMMI_174012/Credit:HAMMI/SIPA/1409221750 © mohamed hammi/SIPA

Tunisian Former Minister of Agriculture, Mondher Zenaidi attends before submitting his candidacy for the upcoming Presidential elections on September 22, 2014 in Tunis, Tunisia. Mohamed Hammi/Sipa Press/HAMMI_174012/Credit:HAMMI/SIPA/1409221750 © mohamed hammi/SIPA

Publié le 23 juillet 2018 Lecture : 1 minute.

Première formation du pays et pilier de l’alliance gouvernementale, le mouvement islamiste a soutenu jusqu’ici le chef du gouvernement. Mais le parti – qui dit séparer la religion de la politique depuis 2016 – prépare en coulisses la prochaine étape.

Selon un proche de Rached Ghannouchi, son leader, Ennahdha souhaiterait que Mondher Zenaidi, qui fut ministre sous Zine el-Abidine Ben Ali et candidat malheureux à la présidentielle de 2014, succède à Chahed.

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Le parti demande également la moitié des portefeuilles ministériels lors du remaniement, annoncé comme imminent. Il espère en outre que le président de la République s’engagera solennellement à maintenir la gouvernance par consensus.

Enfin, il veut donner un mandat illimité à l’Instance Vérité et Dignité (IVD), qui gère les dossiers de réhabilitation des personnes qui furent privées de leurs droits en raison de leurs opinions, sous Habib Bourguiba et Ben Ali.

Les législatives et la présidentielle en ligne de mire

Galvanisée par sa victoire aux élections municipales de mai, Ennahdha vise bien sûr les législatives et la présidentielle de 2019. Mais l’échec de la troïka gouvernementale, qu’elle dirigeait en 2013, l’incite à la prudence : présente au sein de l’exécutif, elle se garde bien d’apparaître aux commandes, de manière à échapper aux critiques.

Si tout lui sourit sur le plan national, l’orage pourrait venir d’outre-Atlantique. Ennahdha redoute en effet que le Congrès des États-Unis ne publie sa liste des organisations terroristes, y incluant la confrérie des Frères musulmans, à laquelle Ennahdha est considérée comme affiliée, malgré ses dénégations.

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Le 15 juillet, lors d’une intervention télévisée, BCE a qualifié Rached Ghannouchi de « mourchid » – titre que les Frères musulmans donnent à leurs « guides ». Ces propos et sa menace d’« activer toutes ses relations internationales pour sauver la Tunisie » étaient-ils liés à la publication de cette liste ? À Ennahdha, on en semble en tout cas persuadé.

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