RDC : Jean-Cyrus Mirindi, VRP 2.0 de Joseph Kabila
Chercheur en droit public à l’université de Kinshasa, Jean-Cyrus Mirindi s’est rendu célèbre par la théorie selon laquelle Joseph Kabila pourrait se représenter à la présidentielle en 2018.
À ses heures perdues, Jean-Cyrus Mirindi se mue en VRP 2.0 pour défendre sa théorie sur WhatsApp. Ce chercheur en droit public de l’université de Kinshasa (Unikin) soutient que Joseph Kabila, élu président de la RD Congo en 2006 puis réélu en 2011, peut se représenter en dépit de la limitation constitutionnelle fixée à deux mandats successifs. Pour cet homme de 40 ans qui s’apprête à publier une thèse de doctorat sur la question, le passage du mode de scrutin présidentiel de deux à un tour, lors de la révision constitutionnelle de 2011, « a remis le compteur à zéro ».
« La limitation du nombre de mandats suppose qu’ils soient identiques, sur le fond comme sur la forme, avance-t-il sans ciller. Or ceux de Kabila ont commencé dans deux régimes juridiques distincts. »
La « théorie Mirindi »
À Kinshasa, depuis la publication à la fin d’avril de ce qu’on appelle désormais la « théorie Mirindi », ce militant du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, parti au pouvoir) est dans toutes les conversations. Et ce plus encore après la fuite, en mai, de l’enregistrement d’une conversation téléphonique qu’il aurait eue avec Jean Mbuyu, le conseiller spécial de Kabila en matière de sécurité. Mirindi dément qu’il s’agit de sa voix dans ce document sonore diffusé sur les réseaux sociaux, mais confirme bien connaître Mbuyu…
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Depuis, au sein de tous les partis, on s’interroge : Kabila va-t-il s’approprier cette thèse pour briguer de nouveau la magistrature suprême ? Dans son bureau de l’Office de gestion du fret multimodal (Ogefrem), dont il est le sous-directeur, Mirindi savoure cette notoriété, un œil sur sa statuette de la Vierge.
« Je crois au temps de Dieu et à mes compétences », confie celui qui a été élevé par une mère catholique, légionnaire de Marie, et un père commerçant. Ce natif de Kinshasa est convaincu qu’il a découvert une brèche juridique qu’aucun conseiller du président n’avait vue. « Sinon, soutient-il, ils auraient tout fait pour organiser la présidentielle en 2016 », comme le prévoit la Constitution. Mais le scrutin avait été reporté à 2017, avant d’être renvoyé au 23 décembre 2018.
« Des poursuites pour haute trahison »
Mirindi pense ainsi tenir sa revanche. Il a en effet été l’assistant, à l’Unikin, d’Evariste Boshab, ancien directeur de cabinet du chef de l’État et ex-secrétaire général du PPRD. S’il a « battu campagne pour Kabila en 2011 », il n’a « jamais été récompensé ». « Quand il s’agit de donner des postes, Boshab pense d’abord à sa tribu », accuse-t-il. Candidat aux législatives de 2011 pour le compte du PPRD, Mirindi n’a pas été élu et attribue son échec au leadership du parti.
Avec sa fameuse théorie, Mirindi se dit en tout cas à nouveau combattu « au sein de la famille politique ». Allusion à tous les prétendants qui pensent au palais de la Nation en se rasant le matin et n’attendent que le départ du président pour y entrer. « Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Kabila doit avoir les mêmes droits que tous. S’il le souhaite, il peut se représenter, et c’est le peuple qui tranchera », plaide le chercheur.
Si le « raïs » suit ces « hérésies », il s’expose à « des poursuites pour haute trahison », prévient pourtant le sénateur Jacques Djoli, l’un des constitutionnalistes les plus réputés de sa génération. Traité de fou par ses détracteurs, Mirindi, lui, convoque Galilée et Copernic. Il jure, sans rire, n’agir qu’« au nom de la science ».
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