[Tribune] La prochaine princesse Disney sera africaine
Le site d’information en ligne Deadline nous apprend que le prochain film d’animation de la firme Disney s’intitulera Sadé. Il y sera question des aventures d’une princesse africaine au caractère bien trempé et dotée de pouvoirs magiques, qu’elle doit apprendre à maîtriser afin de protéger son royaume, menacé par des puissances maléfiques.
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Michel Bampély
Sociologue des mondes de l’art et de la culture, à Paris.
Publié le 10 août 2018 Lecture : 2 minutes.
Le scénario est adapté d’un conte écrit par le Nigérian Ola Shokunbi et l’Américaine Lindsey Reed Palmer, dont la multinationale américaine vient d’acquérir les droits d’exploitation. Le film, qui promet d’être grandiose, s’annonce déjà comme l’un des prochains succès au box-office mondial.
Laissera-t-on Hollywood valoriser seul notre patrimoine culturel ?
La maison de Mickey a connu un succès retentissant – 267 millions de dollars de recettes –, en 2009, avec une première héroïne noire, Tiana, dans La Princesse et la Grenouille. La consécration viendra en 2018 avec le film phénomène Black Panther (des studios Marvel) et ses plus de 1,3 milliard de dollars au box-office mondial, dont 8,6 millions venant du continent africain.
>>> À LIRE – Daniela Ricci : « Les cinéastes noirs doivent toujours prouver leur africanité »
Ces chiffres laissent rêveur quant au potentiel commercial des cultures noires adaptées au cinéma de divertissement et à leur capacité à enchanter les publics des autres continents. Les productions locales laisseront-elles Hollywood s’engager seul dans une gigantesque entreprise d’appropriation et de valorisation culturelles ? Les créateurs du secteur cinématographique africain ont tout intérêt à partir en quête de financements locaux et étrangers pour puiser dans leurs ressources culturelles, intellectuelles et symboliques.
L’Égypte nègre
Alors demain, peut-être, le grand public africain, occidental, indien ou asiatique découvrira avec stupéfaction sur les écrans des adaptations cinématographiques des thèses défendues par Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga (l’Égypte nègre), des ouvrages d’Amadou Hampâté Bâ (L’Empire peul du Macina), de Thomas Mofolo (Chaka. Une épopée bantoue), d’Angèle Rawiri (Fureurs et Cris de femmes), ou encore de Birago Diop (Les Contes d’Amadou Koumba).
L’ensemble de nos œuvres classiques est immense, inépuisable et notre liste n’est pas exhaustive. Le cinéma puisera éternellement dans la culture et la culture puisera éternellement dans le cinéma. L’histoire africaine portée à l’écran n’est qu’un sempiternel recommencement de ses splendeurs et de ses misères.
Les héros légendaires tirés du patrimoine culturel ou de l’imaginaire collectif africain font encore et toujours rêver. Le marché reste ouvert pour tout cinéaste accompli, inspiré et persévérant.
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