[Analyse] Le charbon n’est plus la solution
Alors que les énergies renouvelables deviennent plus économiques, les centrales au charbon, polluantes, ne sont plus la solution pour les pays africains.
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Julien Wagner
Responsable diversification médias et classements.
Publié le 17 août 2018 Lecture : 2 minutes.
«Ce n’est pas la fumée de la centrale à charbon de Sendou qui est un danger pour le Sénégal, c’est la pauvreté. Et pour réduire la pauvreté, […] il faut forcément régler la question de l’approvisionnement en électricité. » Les propos de Mamadou Makhtar Cissé, directeur général de la Senelec, sont destinés à une commune en colère, Bargny, dont l’air sera bientôt affecté par la mise en service de cette installation d’un autre âge.
Si l’état a la difficile prérogative d’arbitrer pour le bien commun contre les intérêts particuliers, il ne devrait plus attenter délibérément à la santé de certains de ses citoyens pour ce faire, quand d’autres solutions existent, avec des sources d’énergie économiques et moins polluantes.
Mix énergétique ?
On touche ici à la limite de ce que l’on pourrait appeler la « doctrine Adesina », en référence au patron de la BAD. « L’Afrique n’a contribué en rien au réchauffement climatique, déclarait en substance le président de l’institution panafricaine. Elle doit donc utiliser toutes les énergies dont elle a besoin pour se développer. Certes, elle doit aller vers un mix énergétique qui intègre le plus d’énergies renouvelables (ENR) possibles, mais on ne peut pas oublier que les moins chères sont le gaz, l’hydroélectricité et le charbon », expliquait-il en décembre 2015.
Le charbon est une énergie de moins en moins bon marché comparée aux énergies renouvelables
Contrairement à de nombreux bailleurs internationaux, telle que la Banque mondiale, qui ont définitivement cessé de financer des projets impliquant le charbon, la BAD, elle, continue de les soutenir, comme actuellement à Lamu au Kenya, et comme ce fut le cas avec la centrale de Sendou.
Certes, la BAD conditionne son engagement aux résultats d’une étude d’impact environnemental et social. Mais cette philosophie se heurte au moins à deux contradictions. La première est que le charbon est une énergie de moins en moins bon marché comparée aux ENR – surtout si, comme le Sénégal, le pays n’est pas lui-même producteur de charbon. En dix ans, le prix de l’électricité produite à partir de l’énergie solaire a été divisé par dix quand celui de l’électricité produite à partir de « la plus noire des énergies » est resté relativement stable.
>>> À lire – Enquête : ces inconnus qui veulent construire les centrales électriques de l’Afrique
Une tendance qui ne fait que s’accentuer : le solaire et l’éolien attirant aujourd’hui plus de 73 % des investissements technologiques du secteur dans le monde. La seconde est qu’une centrale électrique au charbon est d’autant plus rentable qu’elle est construite au plus près des lieux de consommation, et donc des populations, comme c’est le cas à Bargny.
Or, de nos jours, il se révèle bien ardu de convaincre que l’épaisse fumée qui se dégage des cheminées de ces installations est une chose tout à fait inoffensive pour les riverains.
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