Cinéma : Spike Lee met le feu au Ku Klux Klan

De retour avec « BlacKkKlansman », le réalisateur africain-américain, Spike Lee dénonce avec humour les actes de l’organisation suprémaciste, le Ku Klux Klan, dans une histoire aussi improbable que vraie.

Le réalisateur Spike Lee, au Festival de film de Berlin,  le 16 février 2016 © Axel Schmidt/AP/SIPA

Le réalisateur Spike Lee, au Festival de film de Berlin, le 16 février 2016 © Axel Schmidt/AP/SIPA

Renaud de Rochebrune

Publié le 22 août 2018 Lecture : 2 minutes.

Depuis une bonne dizaine d’années, on l’avait perdu de vue un peu aux États-Unis, et totalement à l’étranger. Certes, il avait réalisé quelques clips pour des rappeurs tels qu’Eminem (2014) et un documentaire sur Michael Jackson, disparu en 2009, tout en organisant une campagne de marketing pour Nike avec Michael Jordan.

Récemment, il avait entrepris la production d’une série télévisée adaptée de son premier grand succès (au milieu des années 1980), Nora Darling n’en fait qu’à sa tête, le portrait d’une jeune Africaine-Américaine rebelle. Mais l’auteur des films cultes Do the Right Thing, Mo’ Better Blues ou Malcolm X était aux abonnés absents. Où était passé l’homme en colère qui s’était imposé comme « le » cinéaste noir dénonçant les tares de l’Amérique blanche et la persistance du conflit racial ? Le tout récent sexagénaire s’était-il assagi ?

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C’est sur grand écran et à l’occasion du plus célèbre festival de cinéma mondial que Spike Lee a donné tort à ceux qui le croyaient has been. Avec BlacKkKlansman – abréviation de Black Ku Klux Klan’s man, ou « le Noir du Ku Klux Klan » –, il a obtenu le Grand Prix du jury à Cannes, la plus haute récompense après la Palme d’or. Et il a démontré qu’il n’avait rien perdu de sa créativité ni de sa pugnacité.

La farce David Duke

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Le film raconte en effet de façon jubilatoire comment un policier noir a infiltré le Klan en se faisant passer pour un extrémiste blanc, d’abord au téléphone, puis physiquement – avec, évidemment, la complicité d’un collègue. L’histoire, qui semble totalement improbable, est pourtant vraie. Elle a été révélée dans un livre par son « héros », Ron Stallworth (joué par John David Washington, le fils de Denzel).

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Le sujet ne devrait pas prêter à rire. Or Spike Lee réussit à le traiter le plus souvent sous forme de comédie, voire de farce. En ridiculisant les adeptes de cette véritable secte qu’est le Klan, à commencer par son responsable suprême, « le grand sorcier » David Duke. Un tour de force.

Militant antiraciste

Le réalisateur a cependant donné à ce récit une autre dimension en parlant avec virtuosité, sans craindre de sauter d’une époque à une autre, de l’Amérique d’aujourd’hui. Notamment celle de Trump, ce président capable de renvoyer dos à dos les néonazis et les antiracistes qui se sont opposés lors d’une manifestation il y a un an.

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Pour le public français, le come-back de Spike Lee sera à double détente. Une semaine après la sortie, le 22 août, de BlacKkKlansman, il pourra découvrir Miracle à Santa-Anna, un film réalisé il y a plus de dix ans, resté inédit en raison d’un conflit avec le distributeur. Ce récit historique évoque la participation d’un bataillon d’Africains-Américains à la Seconde Guerre mondiale en Italie.

Et célèbre le courage de quatre soldats qui sauvèrent un enfant. Derrière le trublion plein de fureur et d’humour se cache toujours un militant antiraciste des plus sérieux.

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