RDC : le FCC sort le grand jeu

Rarement on aura autant parlé de dauphins en RDC. Un sujet plutôt étonnant dans un pays où l’animal est peu commun. D’où l’émotion des aficionados, le 8 août, à l’annonce de l’arrivée d’un nouveau venu dans la grande famille des cétacés. Son nom : Emmanuel Ramazani Shadary.

Emmanuel Ramazani Shadary, « dauphin » désigné par Joseph Kabila, lors du dépôt de son dossier de candidature à la présidentielle, le 8 août 2018 à Kinshasa. © REUTERS/Kenny Katombe

Emmanuel Ramazani Shadary, « dauphin » désigné par Joseph Kabila, lors du dépôt de son dossier de candidature à la présidentielle, le 8 août 2018 à Kinshasa. © REUTERS/Kenny Katombe

Publié le 13 août 2018 Lecture : 2 minutes.

Un électeur attend pour voter, le 30 novembre 2011, pour la présidentielle en RDC (archives). © JEROME DELAY/AP/SIPA
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RDC : grandeur nature

Les candidats à la présidentielle sont désormais connus. Quelle que soit l’issue du scrutin, prévu en décembre, les défis politiques, économiques et sociaux à relever sont aussi immenses que le sont le pays, ses démons et ses atouts.

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Avec sa mine renfrognée, l’ex-ministre de l’Intérieur et actuel patron du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), surnommé « Monsieur Coup sur coup », ressemble peu à ses supposés congénères des mers. Lui qui avait déclaré, en mai, « Kabila a été président, Kabila est président, Kabila restera président », est désormais l’homme choisi par ledit Kabila pour conduire le Front commun pour le Congo (FCC) à la victoire lors de la présidentielle du 23 décembre.

 Un « dauphin » honni par l’opposition

L’annonce a forcément fait des déçus parmi les ténors du FCC, dont certains s’imaginaient volontiers un destin national. Avant l’officialisation de la candidature de Ramazani Shadary par le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, les rumeurs allaient bon train sur une possible candidature du président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, ou de l’ex-Premier ministre, Matata Ponyo Mapon. On a même évoqué un temps celle de la première dame, Olive Lembe.

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C’est finalement Ramazani Shadary qui a raflé la mise. Honni dans les rangs de l’opposition, qui rappelle son rôle, en tant que ministre de l’Intérieur, dans la répression des manifestations anti-Kabila, le « dauphin-candidat » pourra compter sur les différentes composantes du FCC. Aux côtés de la Majorité présidentielle (MP), conduite par Aubin Minaku, cette plateforme électorale rassemble le regroupement politique de Léon Kengo wa Dondo, le président du Sénat, l’opposition signataire de l’accord du 18 octobre 2016 de la Cité de l’Union africaine, ainsi que la branche dissidente du Rassemblement de l’opposition, emmenée par le Premier ministre, Bruno Tshibala.

 « Une seule candidature à l’élection présidentielle »

Tous se sont engagés à « soutenir une seule candidature à l’élection présidentielle ». Seul Tryphon Kin-Kiey Mulumba, pourtant cadre de la MP et animateur de l’association Kabila Désir, a fait défection en se lançant dans la course sans attendre la désignation du dauphin.

Emmanuel Ramazani Shadary disposera également de la puissance de son propre parti. Depuis plusieurs mois, le secrétaire permanent du PPRD sillonne le pays, province par province, à bord de son Gulfstream I, un avion d’affaires acquis récemment. Sans parler des dizaines de jeeps, de minibus et de motos également achetés dans la perspective de la campagne électorale. « Tout a été payé grâce aux cotisations. Les rémunérations des gouverneurs et des députés provinciaux, notamment, sont ponctionnées à la source, de façon à assurer le bon fonctionnement du parti », assurait un cadre du PPRD il y a quelques semaines.

Si l’élection est organisée de manière crédible et transparente, le FCC n’a aucune chance de remporter la présidentielle, estime Bob Kabamba, professeur de sciences politiques

Ces confortables moyens sont-ils susceptibles de faire pencher la balance du côté du FCC en décembre ? Pas forcément. « Si l’élection est organisée de manière crédible et transparente, le FCC n’a aucune chance de remporter la présidentielle, estime pour sa part Bob Kabamba, professeur de sciences politiques et corédacteur de la Constitution de 2006. Emmanuel Ramazani Shadary, qui est originaire de la province du Maniema, ne saurait se prévaloir d’une légitimité dans l’est du pays, qui compte le plus grand nombre d’électeurs. »

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