Gastronomie : « Le Béaba de la cuisine RDcienne » s’invite sur la toile

Depuis un an, « Le Béaba de la cuisine RDcienne » réunit sur Facebook des « mamans », des spécialistes et des fans de recettes traditionnelles et de produits du terroir.

Mbika aux mbinzo (pâte de graine de courge aux chenilles), un plat très répandu dans plusieurs régions de la RDC. © Wikimedia Commons/T.K. Naliaka

Mbika aux mbinzo (pâte de graine de courge aux chenilles), un plat très répandu dans plusieurs régions de la RDC. © Wikimedia Commons/T.K. Naliaka

Publié le 24 août 2018 Lecture : 3 minutes.

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Au surnom de Maman Malewa – malewa signifiant « restaurant de rue » en lingala – Francine Lomponda Moseka a préféré celui de Malewa Moderne, une manière de souligner le caractère à la fois populaire et contemporain de la cuisine congolaise. Un sujet qui l’a toujours passionnée. D’abord parce qu’elle aime ses recettes, qu’elle a apprises auprès des « mamans » du village de son père, dans l’Équateur. Mais aussi parce que préparer ces spécialités lui a permis de rester connectée à son pays quand elle en avait la nostalgie.

Née en 1970 à Kinshasa, elle a en effet quitté sa capitale natale à l’adolescence, pour aller vivre dans un petit bourg de Belgique. C’est lorsqu’elle était étudiante à Bruxelles, au début des années 1990, qu’elle s’est mise aux fourneaux. Elle arrondissait ses fins de mois en cuisinant des plats que lui commandaient la famille, les amis, et s’était inscrite dans un groupe culinaire. Mais exaspérée par les querelles à propos de telle ou telle recette et la méconnaissance des traditions et mets congolais, elle décide d’ouvrir sa page Facebook, sous le nom de Malewa Moderne. Elle crée également la chaîne Émission Moseka sur YouTube, où elle poste des vidéos de recettes, la plupart bilingues, en français et en lingala, voire en kikongo.

Pour rester membre de la page facebook, il faut surtout être actif, intervenir régulièrement. Je ne vise pas le nombre mais la participation », insiste la chef

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Communauté de passionnés

Afin de pousser plus loin ses investigations sur les spécialités culinaires congolaises, la chef lance, en 2017, une page Facebook fermée : « Le Béaba de la cuisine RDcienne ». Le groupe d’échanges et d’études compte plus de 7 000 inscrits, dont une majorité de femmes, résidant pour la plupart en RD Congo.

« Avant de valider une demande d’adhésion, je pose évidemment des questions, mais pour rester membre, il faut surtout être actif, intervenir régulièrement. Je ne vise pas le nombre mais la participation », insiste la chef. Pour éviter tout dérapage, cette dernière joue les modératrices : rien n’est publié en direct, et si les échanges entre membres tournent au vinaigre, elle les désactive.

Tout savoir sur le pondu, apprendre à cuire un gâteau à la vapeur ou à concocter une vinaigrette savoureuse et allégée…

Des recettes authentiques

Tout savoir sur le pondu (ou saka-saka, l’une des spécialités les plus populaires de RD Congo), apprendre à cuire un gâteau à la vapeur ou à concocter une vinaigrette savoureuse et allégée… Ce « béaba » permet évidemment de découvrir des recettes, mais pas seulement. On y trouve des informations sur l’histoire des plats, sur les techniques de préparation et les modes de cuisson, sur les produits, leur origine et leur nom dans les différentes langues de la RD Congo. On y apprend pourquoi le chinchard y est surnommé « thomson ». On y découvre des spécialités locales, comme ce plat végétarien de l’ex-Bandundu, préparé à base de fougères et accommodé à la pâte d’arachide, servi sans viande ni poisson.

« Pour redécouvrir des recettes locales, des savoir-faire, vérifier les techniques, les produits utilisés, je consulte beaucoup les mamans, mais aussi des agronomes, des sociologues ou des historiens », explique Francine Lomponda Moseka. Ce qu’elle aime et cherche à partager, c’est une cuisine naturelle qui soit le plus proche possible des recettes authentiques, utilise un maximum de produits du terroir et encourage une alimentation saine et équilibrée. À en croire le nombre de vues de ses vidéos et les commentaires de ses pages sur les réseaux sociaux, l’objectif semble atteint.

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