Maroc : Mehdi Megzari, avocat militant

Dans le petit milieu des cabinets d’affaires casablancais, ce jeune associé chez Sayarh & Menjra (S&M) présente un profil atypique, engagé et patriote.

Mehdi Megzari, avocat marocain © DR

Mehdi Megzari, avocat marocain © DR

CRETOIS Jules

Publié le 17 août 2018 Lecture : 2 minutes.

Débit rapide, verbe précis, Mehdi Megzari déroule, sans fanfaronnade, des références et un CV déjà bien fournis. À 36 ans, le benjamin du cabinet reste discret, mais ses talents en matière d’opérations de fusion­-acquisition et de création de joint-ventures sont déjà très recherchés.

L’avocat a rejoint S&M en 2015, quand l’équipe, dont la compétence est déjà reconnue sur les questions de contentieux, a élargi son activité au conseil et au lobbying. Meryem Belqziz, cadre chez Uber, reconnaît que la polyvalence du cabinet a conduit le géant du transport à les recruter lorsqu’il s’est implanté au Maroc, même si le groupe a connu des déboires.

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El Ferdaous, Moncef Marzouki, etc…un cercle prestigieux

La connaissance des pratiques locales, qui fait la différence avec les prestigieux cabinets internationaux, leur a permis de s’en sortir sans trop de dégâts. Et Sayarh et Megzari peuvent se montrer optimistes : le cabinet, qui réunit une quinzaine d’avocats, est reconnu comme un leader de son secteur et est désormais consulté pour des deals à l’échelle continentale, à Maurice ou en Afrique du Sud.

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En dehors des affaires, Mehdi Megzari est tout aussi actif. Touche-à-tout, même. L’homme compte un cercle d’amis très large, de Omar El Hyan, élu de gauche issu du Mouvement du 20-Février, au très libéral secrétaire d’État Othmane El Ferdaous. Megzari a du flair.

Étudiant à Sciences-Po Paris, il cofonde – et préside – l’association Cap démocratie Maroc (Capdema), qui plaide pour une monarchie parlementaire. Le futur avocat organise des conférences. Bien avant la révolution, il invite l’opposant tunisien en exil Moncef Marzouki. En plein débat, l’homme se fait apostropher par un agent de Ben Ali. Des années plus tard, en 2011, Moncef Marzouki accédera au pouvoir.

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Première cause

Militant dans l’âme, il est engagé dans le conflit autour du Sahara occidental. Sa première cause. En mars dernier, il avance une idée : puisque la communauté internationale a reconnu la valeur des dernières élections marocaines – législatives (2016), régionales et communales (2015) –, Rabat peut désormais contester au Front Polisario le droit à se présenter comme unique représentant des populations sahraouies.

Coïncidence ? Deux mois plus tard, le royaume adopte cette stratégie. Et envoie désormais des élus locaux plaider sa cause, comme lors de la tournée nord-africaine de Horst Kohler, l’envoyé spécial onusien chargé du dossier.

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Mehdi Megzari n’hésite pas à s’investir gracieusement dans les dossiers qui lui tiennent à cœur. Sur le Sahara occidental toujours, il recommande aux entreprises qui hésitent à s’implanter, scandinaves entre autres, d’investir massivement dans les ressources halieutiques.

En pro bono aussi, il participe à la rédaction d’un projet de loi pour réglementer le crowdfunding – la levée de fonds en ligne. Le texte a été déposé devant le Parlement. Son intérêt pour le numérique a été remarqué : S&M assiste depuis le géant Seaf pour constituer un fonds d’investissement actif auprès des start-up marocaines.

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