Littérature – Martinique : Roland Brival revient à ses sources antillaises

Dans un roman introspectif, « Les Fleurs rouges du flamboyant », l’artiste martiniquais Roland Brival évoque sa terre natale à travers le parcours de son double fictionnel.

L’écrivain chez lui, à Paris, le 11 mai 2016. © Hannah ASSOULINE/Opale/Leemage

L’écrivain chez lui, à Paris, le 11 mai 2016. © Hannah ASSOULINE/Opale/Leemage

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Publié le 21 août 2018 Lecture : 2 minutes.

Depuis la publication de son premier roman, Martinique des cendres, il y a quarante ans, Roland Brival a fait voyager ses lecteurs à travers les continents et les périodes marquantes de l’histoire. Les Fleurs rouges du flamboyant, dix-septième opus de l’écrivain dramaturge, plasticien, musicien et peintre né en Martinique en 1950, sont à la fois un retour aux sources antillaises et une rupture par rapport au reste de son œuvre. Car il met en scène son propre double littéraire, Simon Darnell, artiste tout comme lui.

Pour reprendre une expression de Brival, les mots dansent à la frontière entre réalité et fiction. L’artiste désormais quinquagénaire, qui a rompu avec sa famille, revient en Martinique et se souvient des épisodes clés de sa vie. Abandonné par son père à la naissance, Simon est élevé dans la maison familiale, où cohabitent sa mère, ses oncles, tantes, grand-père, etc.

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Déracinement

Les deux parties de ce roman foisonnant sont marquées par des figures tutélaires. Dans la première, ce sont Ton’Jérôme, oncle revenu dévasté de la guerre d’Algérie, et Pa’ Raphaël, grand-père charismatique, gardien de la tradition, qui lui apprend qu’« un homme digne de ce nom doit être capable de se servir de ses mains pour nourrir sa famille ». Dans la deuxième partie, Brival décrit l’installation en métropole, où Simon rejoint sa mère, partie quelques mois plus tôt en cachette de son grand-père.

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La rupture est brusque. Le déracinement difficile le plonge parmi les « Zoreys » (les Métropolitains) et dans une relation exclusive avec sa mère, qui reporte sur lui tous ses espoirs de réussite avec une dévotion mâtinée de sacrifice. Le choc est d’autant plus brutal que, juste avant de quitter l’île, Simon a rencontré Évanyse, son premier amour.

À chaque étape, Simon noue des relations empreintes d’un amour complexe pour ses proches et sa terre natale, dont les parts sombres et lumineuses l’influencent. Son parcours se roule parfois en boucle : abandonné, il abandonne à son tour famille et amours. La honte, le sentiment de trahison le disputent au remords dans ce roman-vérité sans complaisance. Les Fleurs rouges ont la force viscérale des « mots qui dansent dans les veines ».

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Extrait

« Évanyse est le puits sans fond où tourbillonnent les derniers remous de mon enfance antillaise. Elle est celle à qui je murmure les ultimes mots d’amour de mon être insulaire, celle avec qui je me console de mon passé douloureux, celle avec qui je partage les derniers feux de l’incendie de savane qui couve en moi depuis trop longtemps. Elle est mon impossible terre d’élection. Elle incarne à mes yeux cette Martinique à qui me lie un sentiment atavique d’appartenance, et c’est à elle que je confie cette part de moi-même dont je n’ai eu que si rarement l’occasion de montrer le vrai visage. »

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