Gabon : Jean Rémy Yama, bras syndical de l’opposition ?
Jean Rémy Yama, leader syndical proche de l’opposition au Gabon, avait appelé les fonctionnaires à défiler le 13 août pour protester contre les mesures d’austérité. Et rêve de faire plier le gouvernement.
C’est un match un peu particulier dont le coup d’envoi a été donné le 2 août à Libreville, au stade d’Awendjé, habitué à accueillir des rencontres de basket-ball. D’un côté, Dynamique unitaire, principale centrale syndicale du pays, et son meneur de jeu, Jean Rémy Yama, qui appellent les agents publics à manifester contre les coupes dans leurs salaires annoncées par le gouvernement. De l’autre, le chef de l’État, Ali Bongo Ondimba (ABO), et son partenaire, le Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet, qui n’a, pour le moment, pas souhaité ouvrir de négociations.
L’objectif d’ABO et de ses coéquipiers est clair : réduire de plus de 40 % la masse salariale des 102 000 fonctionnaires, qui représente aujourd’hui plus de 710 milliards de F CFA par an (1,1 milliard d’euros). « Les réformes sont difficiles mais nécessaires pour assurer une justice sociale, promouvoir l’emploi et la relance économique, affirme Ike Ngouoni, porte-parole de la présidence. L’objectif est de préserver notre modèle social, et l’assainissement de nos finances est l’ultime moyen d’y parvenir. »
Nous devons défendre nos carrières, nos salaires. Nous disons non à la précarisation des agents publics, a lancé Jean Rémy Yama
Ces mesures d’austérité, annoncées en juin, n’ont pas été appliquées jusqu’ici. Mais le gouvernement refuse de faire marche arrière, raison pour laquelle Dynamique unitaire tape du poing sur la table. « Nous devons défendre nos carrières, nos salaires. (…) Nous disons non à la précarisation des agents publics », a lancé Jean Rémy Yama, le 2 août, devant ses troupes. « La rue doit nous débarrasser de la peur », a-t-il ajouté, annonçant une série d’actions « ponctuelles, chirurgicales et paralysantes » qui devront faire reculer l’État.
On dit que le Gabon manque d’argent, mais à qui la faute ? », s’agace Jean Rémy Yama
Dans les eaux troubles du marigot politique de Libreville, ce syndicaliste de 53 ans pourrait bien représenter l’un des principaux dangers pour le président ABO. Son père et prédécesseur, Omar Bongo Ondimba, s’est toujours méfié des fonctionnaires et essayait d’éviter l’affrontement, sans toujours y parvenir. Sous la pression du FMI, le chef de l’État a sauté le pas, non sans risques.
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