Gafam : les « fake news », ce cancer

Manipulation de l’information, appel au meurtre, incitation à la haine… Comment vaincre l’épidémie qui ravage plateformes et réseaux sociaux ? Facebook et les autres jurent qu’ils font l’impossible. Mais est-on obligé de les croire ?

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Publié le 16 août 2018 Lecture : 3 minutes.

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Gafam : l’Afrique face au cybercolonialisme des géants du Web

Protection des données personnelles, souveraineté numérique, fiscalité, lutte contre les fake news… Quelles stratégies le continent doit-il mettre en place pour encadrer l’offensive des Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, etc. ?

Sommaire

Menlo Park, Californie, 22 juin. Au siège de Facebook, une imposante délégation conduite par Lambert Mende, ministre de la Communication de la RD Congo, a été reçue par des responsables du groupe fondé par Mark Zuckerberg. Au cœur des discussions, une question : « Comment lutter contre la cybercriminalité et les fake news, de plus en plus souvent relayées sur WhatsApp, la plateforme de messagerie rachetée par Facebook ? » C’est ce que ce même Lambert Mende a révélé à Jeune Afrique quelques semaines plus tard. La question est d’autant plus sensible que des élections présidentielle, législatives et provinciales doivent avoir lieu à la fin de l’année en RD Congo, dans un contexte tendu…

Concrètement, les autorités congolaises ont demandé l’aide de Facebook en vue de mettre en place une meilleure coordination afin d’identifier et de désactiver les comptes cybercriminels et ceux qui diffusent de fausses nouvelles. L’objectif est évidemment de les rendre responsables de leurs actes. À la différence des éditeurs de presse, qui sont pénalement responsables de ce que publient leurs journaux, les plateformes comme Facebook n’ont aucun compte à rendre.

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Des lois anti-fake news à l’étude

Partout sur le continent, la prolifération des fausses nouvelles, la manipulation des informations, voire l’appel au meurtre ou l’incitation à la haine et au racisme – et plus encore, la rapidité avec laquelle ils se propagent sur les réseaux sociaux – sont désormais une sérieuse préoccupation. Autant pour les États et la société civile que pour les utilisateurs. Le phénomène est certes mondial mais, en Afrique, il peut avoir des effets encore plus dévastateurs et susciter, par exemple, des conflits ethniques.

Depuis plusieurs mois, des lois anti-fake news sont à l’étude ou ont été adoptées dans de nombreux pays, notamment en Égypte, l’un des pays les plus connectés du continent, en juillet. « Si l’objectif affiché est louable, l’efficacité de ces dispositifs législatifs est loin d’être acquise ; et surtout, les dérives potentielles sont nombreuses », estimait récemment dans nos colonnes l’avocate camerounaise Julie Owono.

>>> A lire – Quiz : saurez-vous reconnaître ces fake news sur l’Afrique ?

Les géants d’internet jurent leurs grands dieux qu’ils font de leur mieux pour lutter contre le fléau, mais les résultats sont décevants. Pourraient-ils faire davantage ? Probablement. Facebook, qui compte 2,2 milliards d’utilisateurs actifs par mois à travers le monde, affirme qu’il supprime toutes les publications portant atteinte à la race, au genre ou à l’orientation sexuelle.

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La plateforme, qui se veut ouverte à toutes les idées et attachée à la défense de la liberté d’expression, a noué dans une quinzaine de pays des partenariats avec certains médias (comme l’agence France-Presse) pour permettre à ses utilisateurs de vérifier la véracité d’une publication. Elle s’engage par ailleurs à réduire la visibilité des diffuseurs de fausses nouvelles. Mais force est de constater que, en Afrique au moins, la manipulation et la diffusion de messages haineux continuent de proliférer.

Implication de la société civile

La raison ? Le système de modération de la plateforme est principalement géré par des algorithmes d’intelligence artificielle, qui ne comprennent pas forcément les contextes locaux. Et moins encore les subtilités malveillantes de certains contenus.

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Reste que si, pour faire échec aux fake news, le dialogue s’impose, celui-ci ne doit pas se limiter aux gouvernements et aux propriétaires de plateformes et de réseaux sociaux : le risque de connivence serait trop grand. Tous les spécialistes en sont d’accord : l’implication des représentants de la société civile est une nécessité absolue.

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