Face à la Chine, les pays asiatiques craignent pour leur souveraineté
Inquiets du risque de surendettement vis-à-vis de la Chine, plusieurs pays asiatiques ont annulé ces derniers mois d’importants projets financés par Pékin. Un exemple à suivre pour les pays africains ?
Sommet Chine-Afrique, les 3 et 4 septembre à Pékin
Le 3e Forum sur la coopération sino-africaine (Focac, pour l’acronyme anglais) se tient à Pékin les 3 et 4 septembre. Devenu un rendez-vous incontournable pour les chefs d’État du continent africain, cette rencontre au sommet doit déboucher sur un plan d’actions conjoint Chine-Afrique 2019-2021. Revue de détail des enjeux économiques, politiques et diplomatiques.
« Qui veut que le Cambodge devienne une province chinoise ? » Exprimée en mars, l’inquiétude de Sophal Ear, natif de Phnom Penh et professeur à l’Occidental College de Los Angeles, au sujet de l’endettement du Cambodge vis-à-vis de la Chine revient régulièrement chez plusieurs observateurs des dynamiques entre l’empire du Milieu et ses voisins. La Chine représente aujourd’hui deux tiers de la dette cambodgienne.
Ces craintes ont été renforcées par le sort du port de Hambantota, au Sri Lanka. Construite sur financement chinois entre 2008 et 2010, l’infrastructure et 6 000 ha de terrain environnants sont passés fin 2017 sous le contrôle de China Merchants Port Holdings dans le cadre d’un bail de quatre-vingt-dix-neuf ans, après que le Sri Lanka eut échoué à honorer la dette contractée pour sa construction.
Les risques des partenariats chinois
Pour certains, le sort de Hambantota est une preuve du risque représenté par les partenariats avec la Chine, qui « avance un argent facile entraînant une dette insoutenable à long terme », selon Mark Green, patron de l’USAid. Une dette qui mènerait à la mise en coupe réglée des clients de Pékin.
Les autorités chinoises – et plusieurs analystes – rejettent ces accusations de « néocolonialisme » et défendent la soutenabilité des projets financés. Il est difficile toutefois d’ignorer ces critiques quand, en même temps, l’agence China Xinhua News célèbre la reprise du port sri-lankais comme « un autre jalon sur le chemin du projet One Belt, One Road » (la Nouvelle Route de la soie).
En mars, le Center for Global Development de Washington a examiné les projets financés par Pékin à travers 23 pays. Selon ses experts, « dix à quinze pays pourraient souffrir d’un surendettement s’ils bénéficiaient d’un financement lié à la Nouvelle Route de la soie, avec huit pays particulièrement préoccupants » : Djibouti, le Kirghizistan, le Laos, les Maldives, la Mongolie, le Monténégro, le Pakistan et le Tadjikistan. Dans plusieurs de ces pays, la dette vis-à-vis de Pékin pourrait doubler, voire quadrupler.
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Échaudés par le cas Hambantota, plusieurs gouvernements asiatiques revoient à la baisse les projets menés avec la Chine. Fin août, le nouveau Premier ministre malaisien a annulé deux prêts totalisant un montant de 22 milliards de dollars pour deux projets d’infrastructures financés par la Chine.
En 2017, le Pakistan avait également renoncé à l’aide de Pékin. Au début de juillet, la Birmanie a annoncé vouloir réduire les ambitions de la Zone économique spéciale de Kyaukpyu, dans le golfe du Bengale. Porté jusque-là par des firmes chinoises, ce projet de 10 milliards de dollars est un élément central des Nouvelles Routes de la soie.
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