Côte d’Ivoire – Christian Bouquet : « Tous les rapprochements sont possibles »

Professeur de géographie politique à l’université de Bordeaux, Christian Bouquet décrypte pour Jeune Afrique la nouvelle donne politique ivoirienne.

Christian Bouquet © DR

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Publié le 29 août 2018 Lecture : 2 minutes.

Guillaume Soro et Alassane Ouattara. © Patrick ROBERT/Corbis via Getty Images
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Présidentielle en Côte d’Ivoire : faites vos jeux !

La libération de Simone Gbagbo et le divorce entre le RDR et le PDCI ont rebattu les cartes. Revoici les grands partis et leurs leaders face à face, tous décidés à l’emporter mais incapables de le faire seuls… La présidentielle de 2020 s’annonce plus incertaine que jamais.

Sommaire

Jeune Afrique : Les trois grands partis ivoiriens s’affrontent à nouveau, une situation inédite depuis le premier tour de la présidentielle de 2010. Quel est le poids de chacun d’entre eux ?

Christian Bouquet : La situation ivoirienne est originale dans le paysage politique africain, avec ces trois grands partis qui pesaient traditionnellement pour environ un tiers chacun. Mais évaluer le poids de chacun est difficile parce que le FPI a boycotté les dernières élections et parce qu’il n’est pas possible d’obtenir des sondages fiables.

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Pouvait-on s’attendre à la rupture entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié ?

La nécessité d’un parti unifié RDR-PDCI s’est estompée dès que le FPI a choisi de boycotter les élections. Faute d’adversaire, il n’était plus indispensable de s’allier. On l’a vu dès 2011 lorsque le PDCI a décidé d’aller aux législatives sous sa propre bannière.

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Depuis, le RHDP n’a pas bénéficié d’une dynamique unitaire et, dans les états-majors comme chez les militants, l’attachement au parti d’origine est demeuré plus fort.

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Assiste-t-on à une recomposition profonde du paysage politique ivoirien ?

Cette recomposition était déjà à l’œuvre, de manière insidieuse, depuis plusieurs années. Lors des législatives de 2016, 167 députés avaient été élus sous la bannière RHDP et 76 en « indépendants », mais, en réalité, c’étaient pour la plupart des dissidents du PDCI ou du RDR.

PDCI et FPI  pourraient donc se retrouver autour du slogan « Tout sauf Ouattara »

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La nouvelle Chambre a donc été recomposée en six groupes, dont quatre pour les partis de la majorité, qui n’ont pas voulu siéger ensemble. Les trois élus FPI ont quant à eux rejoint deux groupes distincts. Ce tableau aurait dû être mieux analysé et pourrait préfigurer de nouveaux jeux d’alliance.

Le PDCI et le FPI disent réfléchir à une alliance, cela vous surprend-il ?

Une telle alliance a déjà eu lieu, en 2002, puisque des listes FPI-PDCI-PIT avaient été constituées pour les départementales. Faute de socle idéologique clair, chaque parti est en mesure de s’allier avec un autre sans qu’il y ait incohérence.

On trouve toutefois un point commun au PDCI et au FPI : ils ont tous deux « surfé » sur l’ivoirité, et pourraient donc se retrouver autour du slogan « Tout sauf Ouattara », qui avait prospéré aux heures sombres.

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