Côte d’Ivoire : s’allier pour mieux régner
À quoi ressemblera le paysage politique ivoirien à l’aube de la présidentielle d’octobre 2020 ? En annonçant le 9 août que le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) se retirait du processus de création du parti unifié, Henri Konan Bédié a plongé le pays dans l’incertitude.
Présidentielle en Côte d’Ivoire : faites vos jeux !
La libération de Simone Gbagbo et le divorce entre le RDR et le PDCI ont rebattu les cartes. Revoici les grands partis et leurs leaders face à face, tous décidés à l’emporter mais incapables de le faire seuls… La présidentielle de 2020 s’annonce plus incertaine que jamais.
Avec l’ancien parti unique, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) n’aurait eu aucun mal à faire élire son candidat à la magistrature suprême. Le jeu politique est bouleversé, mais pas la géopolitique ivoirienne, qui veut qu’aucun parti ne puisse l’emporter seul.
Pour contrebalancer sa sortie du RHDP, Bédié veut donc créer une nouvelle plateforme – une idée que certains au PDCI évoquent depuis plusieurs années – dans le but de soutenir la candidature d’un membre de son parti, voire la sienne.
Deux interrogations majeures persistent : l’énigme Guillaume Soro et le cas de la frange du FPI dirigée par Aboudramane Sangaré
Plusieurs formations ou personnalités politiques (comme le chef d’une des deux branches du Front populaire ivoirien [FPI], Pascal Affi N’Guessan) ont d’ores et déjà déclaré vouloir l’intégrer. Néanmoins, selon nos informations, aucun accord n’a pour le moment été entériné. Pas pour les prochaines élections locales, et encore moins pour la présidentielle.
Deux interrogations majeures persistent : l’énigme Guillaume Soro et le cas de la frange du FPI dirigée par Aboudramane Sangaré, celle en laquelle les partisans de Laurent Gbagbo se reconnaissent le plus. Les liens entre FPI et PDCI ont toujours existé.
Les Ivoiriens n’ont pas oublié qu’après la présidentielle de 2000 le PDCI avait participé au gouvernement d’union nationale de Gbagbo et intégré pendant quelques années son Front patriotique.
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L’expérience pourrait-elle se répéter ? Bédié poussera-t-il son idée de plateforme jusqu’à y intégrer les pro-Gbagbo ? Conscient que cette éventualité pourrait susciter certaines réticences en interne, ce dernier ne s’est pas encore prononcé. « Tout porte à croire que les directions des deux partis s’entendent sur la nécessité d’un rapprochement faisant table rase du passé », estime tout de même un cadre du PDCI en contact régulier avec le camp Gbagbo.
Le pari de Ouattara
Le FPI est actuellement en pleine réflexion. « On pense à un éventuel rassemblement tout en observant le positionnement des uns et des autres. Si une alliance circonstancielle se met en place, il faudra que nous accordions sur un minimum d’idées. Rien ne sera décidé avant la fin de l’année », explique un cadre proche de Sangaré.
Revigoré par le retour de Simone Gbagbo, le FPI devrait d’ici là être fixé sur le sort de son chef, Laurent. Son attitude vis-à-vis du PDCI pourrait donc évoluer.
C’est en tout cas le pari d’Alassane Ouattara : relancer le FPI pour lui donner le moins de raisons possible de faire alliance avec le PDCI. Dans les cercles du pouvoir, on pense que, comme en 2010, trois grands blocs s’affronteront au premier tour de la présidentielle.
Dans cette configuration, le RHDP espère récupérer des cadres des différentes formations politiques afin de se donner une assise nationale. Reste à savoir dans quelles proportions les membres du PDCI rejoindront le parti unifié.
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