Libye – Ahmed Miitig : « Notre économie est facile à restructurer et à développer »

Vice-Premier ministre du gouvernement Sarraj et vice-président du conseil présidentiel libyen, Ahmed Miitig revient pour Jeune Afrique sur les défis économiques face auxquels la Libye se trouve confrontée. Une question qu’il considère comme centrale pour la résolution de la crise libyenne.

Ahmed Miitig, Vice-Premier ministre du gouvernement Sarraj, en Libye. © DR

Ahmed Miitig, Vice-Premier ministre du gouvernement Sarraj, en Libye. © DR

Publié le 3 septembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Comment qualifieriez-vous la situation actuelle en Libye ?

Ahmed Miitig : Je dirais que la plupart de nos problèmes sont d’ordre économique. Nous sommes le troisième pays africain en superficie, nous avons la plus large ouverture sur la Méditerranée et nous sommes un important producteur d’hydrocarbures. La Libye a besoin d’assurer ses revenus pétroliers et d’un soutien international pour retrouver sa stabilité sans ingérence étrangère. En 2012, nous avions même réussi à exporter 15 % de pétrole et de gaz en plus ! Mais les batailles intestines à partir de 2014 ont divisé le pays. Et nous avons vu des mouvances totalement étrangères s’immiscer dans les affaires de notre pays, pourtant modéré.

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La relance de l’investissement par le secteur privé et plus de dynamisme dans l’économie sont des éléments de sortie de crise. Le rôle de l’État est d’inciter à l’investissement et à la libre entreprise en donnant des garanties, notamment légales. Beaucoup de compétences libyennes à l’étranger sont prêtes à revenir. L’État doit s’occuper des secteurs de la santé et de l’éducation et laisser le reste au privé. Notre atout est la jeunesse, en prise directe avec un monde devenu un village et capable de nouvelles initiatives loin du tribalisme et du régionalisme.

Les soutiens internationaux sont temporaires, tandis qu’un développement conjoint est un gage de pérennité

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Quels sont les freins à la relance ?

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La régulation et l’unification des taux de change lèveraient 90 % des problèmes économiques libyens. Tout est lié à la maîtrise du taux de change. Notre économie est facile à restructurer et à développer par le biais des partenariats et la création de fonds d’investissement. Quelque 300 projets de PME sont en cours de création à travers cinq fonds d’investissement régionaux. Nous envisageons de mettre en place plus d’incitations en direction des catégories sociales défavorisées, dont une compensation sur l’énergie. Nous ne devons plus raisonner à l’ancienne. Il faut s’unir. Voyez ce qu’apporte par exemple le G5 Sahel !

Vous plaidez pour davantage d’intégration régionale ?

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L’idée est de réfléchir au développement autrement, en valorisant la complémentarité entre la Tunisie, l’Égypte et la Libye pour créer un hub entre l’Europe et l’Afrique. Nos liens avec la Tunisie sont profonds et séculaires. Les soutiens internationaux sont temporaires, tandis qu’un développement conjoint est un gage de pérennité. Nous devons également mener une réflexion commune sur la sécurité. Un projet ambitieux de zone franche à Zouara, entre Sabratha et Ben Guerdane, soulagerait les tensions dans la région frontalière et créerait de l’emploi. La crise libyenne a envoyé des messages négatifs. Une reprise soutenue des échanges et des projets bilatéraux contribuerait à la stabilité des deux pays.

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