Dix choses à savoir sur Driss Jettou, le président de la Cour des comptes du Maroc

Après avoir été patron, gestionnaire de la fortune royale et plusieurs fois ministre, l’ex-chef du gouvernement préside la Cour des comptes du Maroc. Ses rapports, très critiques, en font trembler plus d’un.

Driss Jettou, président de la Cour des comptes du Maroc. © DR

Driss Jettou, président de la Cour des comptes du Maroc. © DR

CRETOIS Jules

Publié le 12 septembre 2018 Lecture : 2 minutes.

1. Chaussures

Il naît en 1945 à El-Jadida (sur la côte, à 100 km de Casablanca) et commence sa vie professionnelle à Bata-Maroc, filiale du fabricant de chaussures. À la fin des années 1990, il dirige le groupe Au Derby.

2. « Techno »

Au début des années 1990, alors que le Maroc est en plein marasme économique, Hassan II appelle des technocrates au gouvernement, sous l’impulsion de Mohamed Karim Lamrani, un grand patron devenu Premier ministre. Fin 1993, Jettou est nommé ministre du Commerce et de l’Industrie. Il gère le dossier des privatisations.

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3. Forte Tête

En 1995, quand Driss Basri, le redoutable ministre de l’Intérieur, lance une campagne anticorruption et que le milieu des affaires est effrayé par ses méthodes expéditives, il est l’un des rares à tenir tête au « vizir ».

4. Microcrédit

En 1997, en tant que ministre du Commerce, il négocie avec Washington, qui investit plusieurs dizaines de millions de dollars dans le microcrédit au Maroc. Aujourd’hui, Jettou reste président d’honneur de l’association Al Amana, spécialisée dans la microfinance, qu’il a cofondée.

5. Ni droite ni gauche

En 2001, Mohammed VI le nomme ministre de l’Intérieur et lui confie l’organisation des législatives de 2002. Mais cette fois, l’USFP (gauche sociale-démocrate) et l’Istiqlal (droite nationaliste) ne parviennent pas à s’entendre. Prenant tout le monde de court, le roi l’appelle à la primature.

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6. Pique

Hassan Chami, l’ex-dirigeant de la CGEM (premier syndicat patronal), compte parmi ses proches. Quand, en 2006, Chami laisse entendre dans les médias que les réformes du gouvernement Jettou sont constamment entravées, certains y voient une pique à l’endroit de l’entourage royal.

7. Respecté

On le dit « assez courtois pour un homme du sérail ». Durant son passage à la primature, les partis arrivés en tête aux législatives, quels qu’ils soient, l’ont soutenu sans états d’âme.

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8. Flair

Au ministère du Commerce, il croise un certain Abdelaziz Rabbah. En 2004, alors que le PJD prend son essor, ce qui inquiète les élites, Jettou, devenu Premier ministre, fait appel à ce jeune militant islamiste. Aujourd’hui, Rabbah est ministre de l’Énergie.

9. Héritage

À la mort de Hassan II, Jettou est chargé de mettre de l’ordre dans les affaires privées du souverain défunt. Il prend la tête de Siger (anagramme de Regis), actionnaire de référence du holding ONA, absorbé depuis par la SNI et devenu Al Mada. En 2001, après avoir assuré avec tact la répartition de l’héritage de Hassan II, il passe le relais à Mounir El Majidi pour la gestion de la fortune royale.

10. Séisme politique

En octobre 2017, la Cour des comptes, que Jettou dirige depuis 2012, remet à Mohammed VI un rapport dénonçant les retards pris dans le programme de développement Al Hoceima, phare de la Méditerranée, alors que le Rif est secoué par un fort mouvement de contestation. Quatre ministres et plusieurs hauts fonctionnaires sont limogés. Depuis la fin août 2018, son rapport sur les dysfonctionnements dans la fonction publique fait lui aussi grand bruit.

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