Tunisie – Hassen Zargouni : « Chahed n’est pas intéressé par Carthage »

Le directeur général du bureau d’Études Sigma Conseil revient pour Jeune Afrique sur les évolutions du poste de chef de gouvernement en Tunisie.

Tunisie, Tunis le 17/10/2014, Hassen Zargouni, Directeur de Sigma Conseil, (sondages medias) photo Ons Abid pour JA © Ons Abid pour JA

Tunisie, Tunis le 17/10/2014, Hassen Zargouni, Directeur de Sigma Conseil, (sondages medias) photo Ons Abid pour JA © Ons Abid pour JA

Publié le 16 septembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Chef du gouvernement est-il une mission impossible ?

Hassen Zargouni : C’est une question de conjoncture. À l’issue des prochaines élections, en 2019, ce sera le parti majoritaire qui désignera le chef du gouvernement. En 2014, le président de la République était non seulement issu de la formation qui a eu le plus de voix à l’Assemblée, mais aussi son fondateur.

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Du coup, c’est lui qui a désigné les locataires de la Kasbah. D’après nos chiffres, cette configuration ne se représentera pas. Sans parler de la révision partielle de la Constitution, qui est évoquée pour redéfinir les prérogatives. La composition du Parlement ne permettra pas non plus l’avènement d’une sorte de Macron à la présidentielle.

Régulièrement, Ennahdha somme les chefs du gouvernement de démissionner s’ils briguent Carthage. Youssef Chahed y sera-t-il contraint ?

Les positions varient. Quand Mehdi Jomâa a renoncé à Carthage, il était dans l’impasse. Faute de parti ou d’appui populaire, il n’avait pu s’organiser électoralement pour d’abord accéder à l’Assemblée, là où est le vrai pouvoir. Sans députés, il ne restait à Jomâa que Carthage pour se positionner et réaliser ses ambitions politiques.

En revanche, Youssef Chahed a compris l’esprit de la Constitution et ne s’intéresse pas du tout à Carthage, contrairement à ce que les gens croient. En ne le clarifiant pas, il entretient volontairement le doute. S’il annonçait qu’il ne briguait pas Carthage, beaucoup prendraient leurs distances.

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Est-on condamné à l’échec à la Kasbah ?

On pense que celui qui a été chef du gouvernement, parce qu’il a acquis une sorte d’aura et de confiance populaire, a une sorte de prédisposition naturelle à aller vers la fonction de chef de l’État. L’opinion publique considère qu’elle est encore la fonction suprême en Tunisie, alors même que son poids a été amoindri par la Constitution de 2014. C’est une tendance assez orientale que l’on retrouve dans tout le prestige conféré au terme de « raïs ».

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Béji Caïd Essebsi, avec son tropisme particulier, a conforté les Tunisiens dans cette idée et induit tout le monde en erreur. Il en fait d’ailleurs les frais puisque les Tunisiens ne comprennent pas pourquoi il ne se prononce pas et est impuissant à régler les problèmes du quotidien. La crise actuelle n’est pas tant institutionnelle qu’économique. Sur ce point, le président n’a aucune prérogative, contrairement aux idées les plus répandues. Carthage, aujourd’hui, ne peut rien changer dans le pays. La présidence est un poste honorifique pour une fin de carrière.

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