Maroc : duel entre Mohamed Ouzzine et Mohamed Hassad pour prendre la tête du Mouvement populaire

Qui, de Mohamed Ouzzine et de Mohamed Hassad succédera à Mohand Laenser à la tête du Mouvement populaire ?

 © Jeune Afrique

© Jeune Afrique

fahhd iraqi

Publié le 18 septembre 2018 Lecture : 3 minutes.

Le premier est un pur produit du Mouvement populaire (MP), le second un technocrate de carrière qui a pris sa carte du parti il y a dix-huit mois à peine. Les deux hommes devraient croiser le fer lors du treizième congrès du MP, qui s’ouvre le 28 septembre avec pour enjeu l’élection du successeur de Mohand Laenser, à la tête de la formation depuis trente-deux ans. Depuis sa création en 1957, le MP fait partie des big five de la scène politique marocaine. Aujourd’hui, il compte 27 députés, 10 conseillers, 5 ministères et une présidence de région.

Le notable face au technocrate

Mohamed Ouzzine, 49 ans, est membre du puissant clan du Moyen-Atlas, qui a toujours contrôlé le MP, dont la base électorale est rurale et amazighe. Sa belle-mère, Halima el-Assouli, doit son surnom de « dame de fer du MP » à la grande influence dont elle jouit en tant que fille d’un ancien caïd ayant épousé un notable de l’Atlas. L’ascension fulgurante d’Ouzzine au sein des instances du parti est d’ailleurs souvent expliquée par le soutien de sa marraine politique.

la suite après cette publicité

>>> À LIRE – Remaniement au Maroc : scène de ménage entre le PJD et le PPS

Après avoir rejoint le MP à l’aube des années 2000, Ouzzine est élu dès 2002 conseiller communal dans sa ville natale, un poste qu’il ne quittera jamais. Dans la foulée, il devient conseiller du ministre de l’Agriculture, qui n’est autre que Mohand Laenser, un intime de la famille.

À 40 ans, il décroche son premier maroquin ministériel en tant que secrétaire d’État aux Affaires étrangères puis rempile dans le gouvernement d’Abdelilah Benkirane en prenant les rênes du département de la Jeunesse et des Sports. Mais, à la suite du scandale provoqué par l’état déplorable de la pelouse du stade Moulay-Abdellah, qui a fait du royaume la risée de la planète football lors de la Coupe du monde des clubs, Ouzzine est limogé par Mohammed VI en 2015.

Un désaveu royal qui n’entame en rien sa popularité dans son fief, où il est consacré élu communal, puis député l’année suivante. Cette légitimité et sa connaissance des arcanes du MP lui confèrent un véritable avantage sur son concurrent – potentiel ­– au poste de secrétaire général.

la suite après cette publicité

Et pour cause, Mohamed Hassad, 65 ans, est plus habitué à réguler des élections qu’à se jeter lui-même dans l’arène. Cet ancien ministre de Hassan II, membre du G14 (think tank créé par le roi défunt), a été wali à Marrakech puis à Tanger avant de devenir ministre de l’Intérieur en 2013.

Lors de la nomination du gouvernement El Othmani, en avril 2017, on découvre à ce natif de Tafraouet (sud-est d’Agadir) une sensibilité pour le MP. La formation le coopte et lui confie le portefeuille de l’Éducation. Une fonction qu’il n’assume que six mois puisqu’il fait partie des neuf responsables gouvernementaux ayant fait les frais du « séisme politique » consécutif à la contestation sociale d’Al Hoceima.

la suite après cette publicité

Un avant goût de défaite

Pour une frange du MP, Mohamed Hassad reste malgré tout le candidat du renouvellement. La commission préparatoire du congrès lui a déjà balisé le terrain en faisant sauter une disposition qui le rendait inéligible. L’article 50 des statuts du MP, qui accordait la possibilité de se présenter au poste de secrétaire général aux seuls membres du bureau politique ayant siégé durant un mandat complet, a été tout bonnement amendé. Une mesure que Mohamed Ouzzine a essayé tant bien que mal de contrer, sans succès.

C’est donc avec un avant-goût de défaite qu’il entame sa campagne pour la conquête du parti, n’hésitant pas à critiquer ouvertement ses collègues. Sa dernière attaque à l’encontre du ministre de l’Éducation nationale, Saïd Amzazi, lui a valu un recadrage en bonne et due forme de son chef de parti, autrefois l’un de ses principaux soutiens.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image