Tunis : la médina (re)devient tendance
Tables chics, échoppes d’artistes, boutiques branchées… Après une décennie de travaux de rénovation, le cœur historique de Tunis est devenu furieusement tendance.
Comment l’Afrique réinvente ses villes
Habitat, transports, business, loisirs… La modernisation des métropoles du continent constitue un énorme défi et un formidable levier de développement. Rencontre avec celles et ceux qui conçoivent aujourd’hui les cités de demain.
Loin de la frénésie et du folklore des souks, la médina de Tunis offre avec élégance son dédale de ruelles, où locaux et visiteurs aiment à venir déambuler et se perdre, dans une sérénité intemporelle. Après un demi-siècle de désintérêt, le noyau urbain originel de la capitale a fait peau neuve et, de part et d’autre de son pôle central, la mosquée Zitouna, fondée en 698, deux « circuits » entièrement restaurés mettent en valeur un patrimoine qui avait presque été oublié : le quartier de la rue Dar-el-Jeld, au nord, et celui des Andalous, au sud.
Dans ce dernier, les façades ont été ravalées, les réseaux (d’eau, d’électricité, de télécoms) ont été enfouis, le dallage des rues et l’éclairage public refaits grâce aux efforts de la mairie et de l’Agence de réhabilitation et de rénovation urbaine, soutenus par l’État, l’AFD et l’Union européenne, et poursuivis par l’Association de sauvegarde de la médina (ASM).
On tombe sous le charme des venelles fraîchement chaulées, des passages voûtés, où les éléments architecturaux prélevés sur des sites antiques ont été soigneusement préservés. Derrière les hauts murs et leurs cascades de bougainvillées, on devine une cour ombragée ou l’intérieur opulent d’un palais.
Intérêt relancé
Depuis sa création, en 1967, l’ASM encadre les opérations de réhabilitation de palais mais aussi de quartiers, comme celui de la Hafsia. Ces projets ont relancé l’intérêt des pouvoirs publics pour la médina avec, en 2009, l’aménagement de la rue Sidi-Ben-Arous. « Ils ont réussi à transformer sensiblement le quartier, en augmenter l’attrait économique et touristique, et améliorer la qualité de vie des populations », résume Zoubeïr Moulhi, ancien directeur de l’ASM.
Ce sont des investisseurs privés qui ont lancé la mode médina
La mode médina
Mais ce sont des investisseurs privés qui ont lancé la mode médina. En plus de restaurer des palais, ils leur ont littéralement redonné vie. Ainsi, ces dernières années, la famille Abdelkefi a fait de la rue Dar-el-Jeld la vitrine d’un art de vivre à la tunisoise, en version haut de gamme, avec le restaurant Dar El Jeld, l’hôtel-résidence du même nom (ouvert en 2014), ainsi qu’un espace culturel, Le Diwan.
Dans leur sillage, les maisons d’hôtes, ateliers d’artisans et galeries d’art se multiplient, de même que les événements culturels, qui régulièrement impliquent les riverains comme les initiatives de l’association L’Art rue.
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Résultat, Tunisois et touristes redécouvrent cette ville dans la ville qu’est la médina – elle abrite plus de 100 000 habitants. Une bonne affaire pour ses commerces, d’autant que les visiteurs échangent leurs adresses confidentielles sur les réseaux sociaux. Ainsi, rue du Riche, la minuscule pâtisserie Zitouna (« où l’on déguste les meilleures tartes de Tunis ») est devenue un passage obligé, tout comme le Café de la vigne, dans la rue Souk-Erbaa. Seul revers de l’effet de mode : les prix de l’immobilier flambent.
Haut lieu de l’Unesco
La médina de Tunis abrite le secrétariat régional pour l’Afrique et le Moyen-Orient de l’Organisation des villes du patrimoine mondial (OVPM) de l’Unesco – sur la liste duquel elle est inscrite depuis 1979.
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