Présidentielle au Nigeria : qui de Saraki ou d’Abubakar affrontera Buhari ?

Le Peoples Democratic Party (PDP), principal parti d’opposition au Nigeria, organise une primaire le 6 octobre pour choisir celui qui portera ses couleurs lors de la présidentielle de février prochain. Atiku Abubakar et Bukola Saraki figurent parmi les favoris.

 © Jeune Afrique

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Publié le 2 octobre 2018 Lecture : 3 minutes.

Rien n’était prêt à quelques jours de ce rendez-vous capital. Ni les réservations d’hôtels ni les accréditations. Même le choix de la ville de Port Harcourt comme lieu de la convention du Peoples Democratic Party (PDP) continuait à faire l’objet d’âpres débats. Le principal parti d’opposition n’aura donc pas dérogé à la règle : la politique nigériane est pleine de surprises.

Seule certitude, après des semaines de tractations, une marée de délégués vêtus de vert, blanc et rouge doivent élire, à l’occasion de la primaire du 6 octobre, celui qui portera leurs couleurs à la présidentielle du 16 février 2019.

Lequel de ces opposants affrontera le président Buhari en 2019 ?

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Deux hommes sont bien placés pour affronter le président sortant, Muhammadu Buhari, candidat de l’All Progressives Congress (APC) : ni de la même région ni de la même génération, Atiku Abubakar et Bukola Saraki ont en commun une même ambition. Ces deux revenants au sein de leur formation politique n’ont jamais été si près de leur but.

Le baron d’Adamawa

Atiku Abubakar© Twitter © Twitter

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Ce vétéran de la politique n’en est pas à son premier changement de camp

Fines lunettes, large tunique sur les épaules et chapeau traditionnel, Atiku Abubakar s’est lancé dans la course il y a déjà presque un an, en quittant avec fracas les rangs de la majorité présidentielle. À 71 ans, ce baron de l’Adamawa, un État du Nord-Est, est alors l’un des premiers d’une longue série à lâcher Muhammadu Buhari, fustigeant son bilan et son immobilisme.

Ce vétéran de la politique n’en est pas à son premier changement de camp. Vice-président d’Olusegun Obasanjo – avec qui il se brouillera – entre 1999 et 2007, il ne cesse depuis de tenter de gravir la plus haute marche. Candidat à la présidentielle en 2007, il s’est présenté à la primaire du PDP en 2011, puis à celle de l’APC en 2017. Chaque fois, la défaite a été cuisante. Il veut croire que, cette année, son expérience fera la différence.

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Le gouverneur de Kwara

Bukola Saraki© Facebook © Facebook

Bukola Saraki© Facebook © Facebook

Il ne cesse de s’opposer au président Buhari, jusqu’à en devenir l’un des plus féroces ennemis

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Car cette compétition est une première pour son principal adversaire. À 55 ans, le très riche Bukola Saraki n’a pourtant rien d’un novice. Lui aussi collaborateur d’Obasanjo dans les années 2000, il est ensuite élu gouverneur de l’État de Kwara (Sud-Ouest), où sa famille règne en maître, puis sénateur.

Lorsqu’il accède à la présidence du Sénat en 2015 sous l’étiquette de l’APC, qu’il a fraîchement rallié, il ne cesse de s’opposer au président Buhari, jusqu’à en devenir l’un des plus féroces ennemis.

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Leur rupture officielle, en juillet dernier, n’a étonné personne, pas plus que les rebondissements auxquels elle a donné lieu : Saraki a été accusé d’avoir acheté des groupes armés, et des forces spéciales ont même fait irruption dans l’enceinte de la chambre. Dans son combat, ce personnage sulfureux peut compter sur le soutien de plusieurs dizaines de sénateurs, mais aussi de figures comme l’ex-président Ibrahim Babangida.

Précieuses voix

Vote lors des élections locales de Lagos, au Nigeria, en juillet 2017. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Vote lors des élections locales de Lagos, au Nigeria, en juillet 2017. © Sunday Alamba/AP/SIPA

Cela suffira-t-il ? Onze autres poids lourds de la politique sont candidats – un record dans l’histoire du PDP. Anciens ministres, gouverneurs ou sénateurs, ils pourraient créer la surprise, comme Rabiu Kwankwaso : charismatique et influent, l’ex-gouverneur du puissant et très peuplé État de Kano pourrait ravir de précieuses voix à Buhari dans le Nord.

Candidat à un second mandat, le président, affaibli par la maladie et par un bilan mitigé, ne semble pas impossible à battre. Encore faudrait-il que l’opposition, qui peine à se relever de sa défaite de 2015, surmonte ses vieux démons et parvienne à s’unir derrière son nouveau champion au lendemain du 6 octobre.

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