Dix choses à savoir sur Doudou Diène, président de la Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi

Le 28 septembre, ce juriste sénégalais, fervent défenseur des droits de l’homme, a été reconduit à la tête de la commission d’enquête des Nations unies sur le Burundi.

Doudou Diène chez lui à Paris le 1 octobre 2018 © Damien Grenon pour JA

Doudou Diène chez lui à Paris le 1 octobre 2018 © Damien Grenon pour JA

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Publié le 10 octobre 2018 Lecture : 2 minutes.

1. Grande famille

Né le 12 décembre 1941 à Mbour, dans l’ouest du Sénégal, il grandit dans une grande famille de la région. Son père, Ngalla Diène, lui fait intégrer le plus prestigieux établissement de Dakar. Son frère aîné deviendra le procureur général de la capitale.

2. Racisme

Au lycée Van-Vollenhoven, ils ne sont que cinq élèves sénégalais ; tous les autres sont des enfants de riches colons blancs. Doudou Diène y subit le racisme de certains de ses camarades et professeurs. De là naît son engagement, qui ne cessera plus. En 2002, il est nommé rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination et de xénophobie au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

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3. Militant

Bac en poche, il étudie à Caen, puis à Sciences-Po Paris. Admirateur de Boumédiène et de Hô Chi Minh, socialiste et anticolonialiste, il adhère à la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France. Il y croise Alpha Condé et Laurent Gbagbo.

Il poursuit sa formation intellectuelle en allant écouter Jean-Paul Sartre, Michel Foucault ou Simone de Beauvoir

4. Philosophie

Premier au concours général de philosophie au Sénégal, en 1961, il poursuit sa formation intellectuelle en allant écouter Jean-Paul Sartre, Michel Foucault ou Simone de Beauvoir au Quartier latin. Il dévore les ouvrages d’Aimé Césaire et de Frantz Fanon.

5. Anti-Senghor

« J’ai toujours adoré le poète, mais combattu l’homme politique. » Depuis Paris, il multiplie manifestations contre Léopold Sédar Senghor et occupations de l’ambassade du Sénégal. Ce qui n’empêchera pas Blaise Senghor, neveu du président et ambassadeur du Sénégal à l’Unesco, d’en faire son adjoint en 1972. Au grand dam de proches du chef de l’État, qui l’empêcheront pendant un an de toucher son salaire.

6. Jazz

Lorsqu’il dirige le bureau de l’Unesco à New York (1977-1986), il rencontre de célèbres jazzmen comme Randy Weston (qui deviendra son ami), John Coltrane ou Keith Jarrett. Il reste un grand amateur de jazz, « la musique des esclaves américains et de leur émancipation ».

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7. Sinophile

L’Unesco lui ayant confié la responsabilité des projets interreligieux et interculturels, comme Les Routes de la soie, il se rend fréquemment en Chine à partir de 1987. Une expérience qui le marque profondément.

8. Expert indépendant

En 2005, l’ONU le charge d’enquêter sur les violences survenues après la mort de Gnassingbé Eyadéma, au Togo. En tant qu’expert indépendant, il se penchera ensuite sur les violations des droits de l’homme en Côte d’Ivoire juste après la crise postélectorale de 2010-2011, à Gaza à partir de 2014, puis au Burundi à partir de février 2018.

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>>> À LIRE – Côte d’Ivoire – ONU : les recommandations de Doudou Diène pour 2015

9. Persona non grata

Lui et son équipe se sont vu interdire l’accès au territoire burundais. Alors que, dans son dernier rapport, il s’alarme de voir s’y perpétrer des crimes contre l’humanité, le représentant du Burundi au Conseil des droits de l’homme de l’ONU dénonce « une conspiration ».

Je ne pense jamais à l’avenir ; seuls comptent les mots, l’attitude et le moment présents

10. Infatigable

Ce 28 septembre, l’ONU a reconduit la mission de Doudou Diène sur les violences au Burundi. À 76 ans, l’intéressé n’envisage pas de prendre sa retraite : « Je ne pense jamais à l’avenir ; seuls comptent les mots, l’attitude et le moment présents. »

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