Francophonie : TV5Monde au régime sec

Le budget de la chaîne risque de se voir de nouveau diminuer en 2019. Yves Bigot, son directeur général, souhaite profiter du sommet d’Erevan pour obtenir de nouveaux financements.

Yves Bigot, directeur général de la chaîne de télévision internationale francophone TV5 Monde, pose lors d’une séance photo organisée le 15 mars 2018 © Bruno Coutier via AFP

Yves Bigot, directeur général de la chaîne de télévision internationale francophone TV5 Monde, pose lors d’une séance photo organisée le 15 mars 2018 © Bruno Coutier via AFP

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Publié le 8 octobre 2018 Lecture : 2 minutes.

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Sommaire

« Il y aura évidemment des conséquences », reconnaît, dépité, Yves Bigot, directeur général de TV5Monde depuis presque sept ans. Pour la deuxième année consécutive, le budget de la « chaîne culturelle francophone » risque en effet de diminuer en 2019, alors qu’il n’avait cessé d’augmenter au cours de la décennie précédente.

Le plan stratégique de la chaîne visant à développer le numérique jusqu’en 2020 a du plomb dans l’aile

Comment expliquer cette inversion de tendance ? Avant tout, par la baisse de la dotation octroyée par la France, qui représente près de 69 % des ressources de l’organisation. D’après le projet de loi de finances 2019, ladite dotation passera de 77,4 millions à 76,2 millions d’euros (-1,6 %). Autant dire que le plan stratégique de la chaîne visant à développer le numérique jusqu’en 2020 a du plomb dans l’aile.

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L’an dernier déjà, la commission des Affaires étrangères avait, de manière prémonitoire, estimé que les contraintes budgétaires qui pesaient sur TV5Monde auguraient mal de « sa capacité à mettre en œuvre le plan qu’elle a préparé ».

Financement

Si l’Afrique représente 44 % de ses revenus publicitaires (10,5 millions d’euros en 2017), la chaîne ne compte, depuis sa création en 1984, que cinq bailleurs de fonds : la France, la Fédération de Wallonie-Bruxelles, la Suisse, le Canada et sa province francophone du Québec. Malgré son récent recentrage éditorial vers davantage de culture et moins d’information, une diffusion gratuite dans 48 pays africains et une sensible africanisation de ses programmes, les pays du continent rechignent à mettre la main à la poche.

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À preuve, « en 2012, lors de la création de TIVI5Monde [chaîne pour enfants], de nombreux dirigeants africains avaient trouvé le projet génial et promis de participer au financement. Mais lors du lancement, quatre ans plus tard, seul le Sénégalais Macky Sall a tenu sa promesse et apporté 150 000 euros », regrette Yves Bigot.

La concurrence se fait de plus en plus vive avec l’apparition d’acteurs extra-continentaux dotés d’énormes moyens

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Des promesses non tenues d’autant plus mal venues que la concurrence se fait de plus en plus vive avec l’apparition d’acteurs extra-continentaux dotés d’énormes moyens (StarTimes, CCTV, BeIn, Al Jazeera, etc.), mais aussi la création de nombreuses chaînes locales à la faveur de l’essor de la TNT.

Reste que le directeur général n’a pas perdu espoir de voir certains États comme le Maroc ou la Côte d’Ivoire participer bientôt au tour de table. « C’est essentiel pour l’avenir de TV5Monde », nous confiait-il l’année dernière. À Erevan, il aura l’occasion de plaider une nouvelle fois sa cause.

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