Côte d’Ivoire : « Henri Konan Bédié ne fera pas marche arrière »

Sociologue et analyste politique, Fahiraman Rodrigue Koné, membre de l’African Security Sector Network revient pour Jeune Afrique sur les principaux enjeux des élections locales qui se tiennent en Côte d’Ivoire le 13 octobre.

Fahiraman Rodrigue Koné, sociologue ivoirien et responsable de recherche au Centre de Recherche et d’Action pour la Paix (CERAP) à Abidjan © DR

Fahiraman Rodrigue Koné, sociologue ivoirien et responsable de recherche au Centre de Recherche et d’Action pour la Paix (CERAP) à Abidjan © DR

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Publié le 9 octobre 2018 Lecture : 2 minutes.

Malgré tous leurs efforts, le RDR et le PDCI n’ont pas réussi à limiter le nombre de candidatures indépendantes © Issouf Sanogo/AFP
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Élections locales en Côte d’Ivoire : test grandeur nature

Les résultats des élections locales du 13 octobre établiront l’influence réelle des différentes forces politiques, à deux ans d’une présidentielle décisive.

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Jeune Afrique : Henri Konan Bédié pourrait-il reconsidérer sa position sur le parti unifié si le PDCI perdait du terrain le 13 octobre?

Fahiraman Rodrigue Koné : Je ne pense pas. Certes, ceux qui, au sein du PDCI, sont partisans du RHDP, pourraient reprendre du poil de la bête. Mais Henri Konan Bédié semble déterminé, et il a le soutien du noyau dur de son parti et de son électorat. En outre, le PDCI veut vraiment revenir au pouvoir. Il n’a donc pas d’autre choix que d’affronter le RDR.

Certaines élites du RDR ont des pratiques très dirigistes qui rappellent l’époque du parti unique et qui ont verrouillé l’espace politique

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Les semaines qui ont précédé les élections ont été dures. Certains candidats indépendants ou étiquetés PDCI ont subi de fortes pressions…

De fait, le pouvoir fait tout pour diviser et fragiliser ses opposants. Il mobilise toutes les ressources disponibles, y compris juridiques. En juin, la justice ne s’est-elle pas prononcée sur la validité d’un bureau politique du PDCI ? Plus généralement, depuis 2010, certaines élites du RDR ont des pratiques très dirigistes qui rappellent l’époque du parti unique et qui ont verrouillé l’espace politique.

Risque-t-on de voir resurgir les discours « ivoiritaires » ?

Ils restent fortement ancrés dans l’imaginaire collectif. Une forme d’ethno-citoyenneté continue de s’exprimer, et il suffirait qu’un discours politique mette cette question en avant au niveau national pour que les conflits identitaires resurgissent.

Les acteurs du système démocratique ivoirien, comme les discours, sont recyclés scrutin après scrutin

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Le taux de participation pourrait une nouvelle fois être assez faible. Pourquoi ce désintérêt vis-à-vis de la politique ?

Les événements de 2010 constituent une expérience fortement traumatisante, et les Ivoiriens associent désormais violence et élection. Mais il y a aussi une grosse déception à l’égard de l’offre politique. Les jeunes, par exemple, ne voient pas en quoi aller voter permettrait d’améliorer leur quotidien. Pour eux, l’élection est un jeu de dupes. Et de fait, il n’y a pas d’évolution qualitative du système démocratique ivoirien. Les acteurs comme les discours sont recyclés scrutin après scrutin.

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Enfin, une partie de la population juge la machine électorale partisane. Quels que soient ses efforts, la commission électorale fait l’objet de suspicions. Elle et son président [Youssouf Bakayoko], en poste depuis 2010, symbolisent aux yeux de beaucoup les failles du système.

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