Francophonie : Louise Mushikiwabo, la favorite

Soutenue par l’UA, la France et la Belgique, la chef de la diplomatie rwandaise est en position de force. Ce qui ne fait pas taire les critiques.

Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement de Paul Kagame et candidate au poste de secrétaire générale de l’OIF, à Paris le 20 septembre 2018 © Bruno Levy pour JA

Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement de Paul Kagame et candidate au poste de secrétaire générale de l’OIF, à Paris le 20 septembre 2018 © Bruno Levy pour JA

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Publié le 8 octobre 2018 Lecture : 2 minutes.

Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement de Paul Kagame et candidate au poste de secrétaire générale de l’OIF, à Paris le 20 septembre 2018 © Bruno Levy pour JA
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La Francophonie retourne à l’Afrique

La ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a été désignée vendredi 12 octobre secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) pour un mandat de quatre ans. Retour sur plusieurs mois de tractations diplomatiques entre le Rwanda, la France, l’Union africaine et le Canada.

Sommaire

• Atouts

Le poids de ses soutiens

Depuis le sommet de l’UA, début juillet, les 29 pays africains membres de l’OIF la soutiennent officiellement. Elle n’en a pas moins multiplié les visites sur le continent, du Sénégal à la RD Congo et de la Tunisie à Madagascar – sans parler de divers pays européens et asiatiques. La France est elle aussi derrière elle, tout comme le gouvernement fédéral belge.

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Son expérience diplomatique

Ministre des Affaires étrangères depuis 2009, elle a joué un rôle clé dans l’expansion diplomatique de son pays, notamment en Afrique, où il compte de nombreux alliés : Maroc, Gabon, Guinée, Bénin, Mali, Tchad, Sénégal, etc.

Le rayonnement de son pays…

En matière de développement, d’urbanisme, de parité, de sécurité ou de gouvernance économique, la success-story rwandaise est souvent citée en exemple. Chargé, en 2017, de réformer l’UA, Kagame assume depuis janvier la présidence tournante de l’organisation.

… et sa diversité linguistique

Contrairement à ce qu’on croit, le français reste bien ancré au Rwanda : il est langue officielle aux côtés du kinyarwanda, de l’anglais et du kiswahili. Les documents officiels sont rédigés dans les trois premières de ces langues, qu’elle parle couramment.

• Handicaps

L’autoritarisme de son gouvernement…

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Fondé sur le consensus entre partis – autorisés – et marqué par l’hégémonie du FPR, le système rwandais est souvent dépeint en Occident comme une autocratie déguisée, où l’opposition est réduite au silence. Et la réforme constitutionnelle adoptée en 2015 n’a fait qu’attiser les critiques : elle permet à Paul Kagame de demeurer président au-delà de ses deux premiers mandats.

… et sa conception de la liberté de la presse

En juillet, Reporters sans frontières s’inquiétait de « cette candidature issue de l’un des pires régimes en matière de liberté de la presse ». Le classement annuel de l’ONG fait du Rwanda l’un des plus mauvais élèves de la planète. Une loi récemment adoptée, qui prévoit une peine de deux ans d’emprisonnement et une amende contre les auteurs de caricatures représentant les hauts responsables de l’État, n’est pas de nature à améliorer cette perception.

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Le « pragmatisme » linguistique

En 2003, l’anglais devient langue officielle au Rwanda. Et, en 2008, langue principale dans l’enseignement et l’administration. L’année suivante, le pays devient membre du Commonwealth (comme le Cameroun et le Canada). Pour les dévots d’une Francophonie franco-­centrée, le « pragmatisme » linguistique défendu par les autorités rwandaises tient de la déclaration de guerre.

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