Musique : « Tchizambengue », une ode aux voleuses de maris

Avec son tube « Tchizambengue », la chanteuse Shan’L fait l’éloge des maîtresses et projette de manière provocante une autre image de la féminité africaine.

Pochette de Tchizambengue, de Shan’L la Kinda © Directprod

Pochette de Tchizambengue, de Shan’L la Kinda © Directprod

Publié le 10 octobre 2018 Lecture : 3 minutes.

« Tu me traites de tchizambengue, mais je suis la seule qui le rend dingue / Maman arrête tu nous embêtes / y a quoi, on mange dans la même assiette » : dès les premières paroles de son tube Tchizambengue, Shan’L, 29 ans, donne le ton en mettant en scène une maîtresse s’adressant à une femme mariée.

Selon elle, il faut pouvoir briser les tabous et révéler au monde l’existence des tchiza, terme passé dans le langage courant au Gabon. « Pour moi, toute femme qui s’engage dans une relation non officielle avec un homme est une tchiza. Même si, au fond, je pense que toutes les femmes sont des tchiza », soutient la chanteuse.

Près de six mois après sa mise en ligne, le tube de Shan’L bénéficie toujours d’un énorme buzz sur les réseaux sociaux

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Son clip, mis en ligne le 25 mai dernier mais bénéficiant toujours d’un énorme buzz sur les réseaux sociaux, comptabilise aujourd’hui plus de 9,5 millions de vues sur YouTube, un score énorme pour une artiste gabonaise. Il faut dire que la chanson est taillée pour un hit.

Musicalement, le tube mélange un son dance floor avec des percussions modernes, agrémenté d’une mélodie à la guitare sur un rythme traditionnel faisant référence au bikutsi camerounais. Toutes les parties du corps sont sollicitées, les bras, les jambes mais aussi les épaules, et le morceau mixe sonorités africaines avec un flow rap.

Visuellement, la chanteuse nous invite dans un univers plein de couleurs et de wax. Vêtue d’un short en jean moulant, d’un haut très décolleté et de tresses bleues, elle assume crânement ses paroles face caméra.

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Petit clin d’œil malicieux, deux figurantes d’exception apparaissent dans la vidéo : Nathalie Koah, connue pour avoir eu une relation avec le footballeur camerounais Samuel Eto’o fils, ainsi que la Miss Gabon 2013, Jennifer Ondo.

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« Rien n’est acquis »

D’après Shan’L, tout le monde doit se sentir concerné par ce qu’elle définit comme la « tchizambenguance ». La protégée de la société de production Direct Prod a choisi de briser un tabou social et d’assumer pleinement sa chanson : « Le fait que je dise la vérité a révolté les femmes titulaires, mais au moins je les réveille et leur rappelle que rien n’est acquis. Je fais état d’une réalité. Je ne souhaite caresser personne dans le sens du poil, encore moins les hommes qui font en sorte que les tchiza existent. »

Sur les réseaux sociaux, la « tchizambenguance » suscite de multiples réactions

Jugé comme encourageant la débauche des jeunes femmes, le tube génère de nombreuses réactions sur le web, positives et négatives. « Vraiment vous là, les voleuses de maris, la chanson est pour vous, et j’espère que vous l’aurez compris », « Le texte est à revoir parce que le message que Shan’L véhicule est très déplacé », peut-on lire.

Ce n’est pas le premier titre que Shan’L écrit sur la gent féminine, et ceux qui la jugent sur ce seul hit semblent oublier qu’en 2012 la chanteuse endossait le rôle d’une femme enceinte abusée dans le titre L’Aveu. Ou encore celui d’une célibataire désireuse de rencontrer l’homme idéal, dans le titre Où est le gars ?, en 2015. Pour sûr, Shan’L n’a pas fini de provoquer son monde. À la fin de l’interview, elle glisse d’une voix enjôleuse : « Et toi, tu es une tchiza ? »

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