Restitution du patrimoine africain : des grandes annonces aux actes

En novembre 2017, à Ougadougou, Emmanuel Macron a pris l’engagement de restituer son patrimoine à l’Afrique. Un an après, le dossier n’a pas avancé.

Le musée du quai Branly-Jacques Chirac, musée présentant l’art et les cultures autochtones d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques, à Paris (France), le 18 octobre 2017 © Christophe Ena/AP/SIPA

Le musée du quai Branly-Jacques Chirac, musée présentant l’art et les cultures autochtones d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques, à Paris (France), le 18 octobre 2017 © Christophe Ena/AP/SIPA

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Publié le 18 octobre 2018 Lecture : 2 minutes.

Emmanuel Macron et Macky Sall, à Dakar, le 2 février 2018. © Mamadou Diop/AP/SIPA
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Afrique-France : un autre regard ?

L’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir en France a-t-elle réellement été synonyme de nouvelles pratiques dans les relations entre la France et l’Afrique ? Un an après le discours du président français à Ouagadougou, Jeune Afrique fait le point.

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À marche forcée ou en marche arrière ? Tout occupé à vouloir se différencier de ses prédécesseurs, Emmanuel Macron s’est aventuré sur un terrain glissant en déclarant vouloir restituer son patrimoine à l’Afrique, lors de son discours de novembre 2017 au Burkina Faso. Les promesses n’engagent peut-être que ceux « qui les entendent », mais vu l’écho recueilli par celle-ci, elle pourrait bien empoisonner les relations d’un nouveau genre que le président français cherche à tisser avec l’Afrique, s’il venait à ne pas tenir parole.

Un an après cette annonce, le continent attend toujours ses premières restitutions. Les crânes des résistants algériens continuent à prendre la poussière au Muséum d’histoire naturelle de Paris. Les trésors royaux d’Abomey scintillent encore sous les lumières du Musée du quai Branly, malgré la demande très officielle de restitution déposée par le gouvernement béninois en juillet 2016.

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Priorité d’Emmanuel Macron ?

Il sera difficile au président français d’aller au-delà des mots, tant les forces de l’immobilisme semblent puissantes. Sur la question de la restitution comme sur beaucoup d’autres, il ne s’agit pas d’annoncer une « rupture historique » pour qu’elle ait lieu.

Au nom de cet « imaginaire commun » qu’il n’a cessé de mettre en avant lors de son voyage en Afrique fin 2017, Emmanuel Macron va devoir s’impliquer personnellement, si « la mise en valeur du patrimoine africain à Dakar, Lagos, Cotonou… » est effectivement l’une de ses priorités.

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S’impliquer auprès des multiples institutions françaises concernées, inévitablement rétives à voir partir des œuvres qu’elles ne récupéreront certainement jamais. Auprès des autorités africaines, pour qu’elles puissent prendre toutes les mesures nécessaires à la conservation des œuvres, sans forcément reproduire sous les tropiques le système muséal français.

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Modalités de restitutions

Il ne pourra pas se retrancher bien longtemps derrière les principes « d’inaliénabilité et d’imprescriptibilité » qui protègent les collections publiques. Nicolas Sarkozy avait bien su contourner la loi, fin 2010, pour rendre 287 manuscrits royaux à la Corée du Sud. Dons, prêts, échanges… La France semble prête à réfléchir à diverses solutions.

Elle aurait pu le faire dans le cadre de comités mixtes, comme certains gouvernements africains le souhaitaient. Paris a préféré nommer en mars deux experts, Bénédicte Savoy, membre du Collège de France, et l’écrivain sénégalais Felwine Sarr, pour réfléchir aux modalités de cette restitution. Leurs premières propositions, très attendues, seront connues fin novembre.

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