Tunisie : dix choses à savoir sur le député Mustapha Ben Ahmed
Passé par la case prison sous Ben Ali, Mustapha Ben Ahmed, ancien syndicaliste a pris la tête, début septembre, du deuxième groupe parlementaire de l’Assemblée nationale tunisienne. Portrait en dix points.
Conflits avec les professeurs, indiscipline… Issu d’un milieu modeste et originaire d’un village de la région de Sousse, il n’aime pas l’école. Exclu du collège, qu’il compare à une « caserne », il arrête sa scolarité à 15 ans.
Ouvrier
Enchaînant les petits boulots, il travaille dans des garages, façonne des pièces de machines agricoles. De 18 à 60 ans, il sera employé à la Régie nationale des tabacs et des allumettes, une institution en Tunisie.
Autodidacte
Certains lui reprochent son absence de diplômes. Lui s’estime chanceux : « La vie m’a appris que l’école n’est pas le seul chemin du savoir. » Durant sa jeunesse, il lisait un livre par jour.
Centriste
Il fréquente la gauche tunisienne et se retrouve « coincé dans ses interminables conflits idéologiques ». Il s’émancipe alors du communisme et dit défendre des valeurs centristes contre « l’ultralibéralisme sauvage ».
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Cinéphile
De la fin des années 1970 au milieu des années 1980, il fréquente assidûment les ciné-clubs : à l’en croire, l’une des expériences les plus intéressantes de sa vie. Lieux de débats entre intellectuels, ces sas de décompression étaient tolérés sous Bourguiba.
Sanction
En 1978, il intègre l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et y crée une section pour « répandre les idées ouvrières ». Il est temporairement suspendu en 1984 pour avoir contesté la légitimité de la direction centrale, qu’il accuse d’être noyautée par le pouvoir. Quelques années plus tard, il accédera au bureau exécutif et à des postes de direction.
Brutalisé
En 1987, quand Ben Ali s’empare du pouvoir, ses activités syndicales lui valent d’être arrêté pour appartenance à une organisation illégale et pour trouble à l’ordre public. Il est détenu dans les caves tristement célèbres du ministère de l’Intérieur. S’il a été brutalisé, il précise qu’il n’a pas subi de tortures comparables à celles qui étaient infligées aux islamistes.
Député
Dès 2012, il soutient Nidaa Tounes et devient membre de son bureau exécutif. Il claque la porte quatre ans plus tard pour protester contre la mainmise de Hafedh Caïd Essebsi, le fils du chef de l’État, sur l’appareil du parti.
Passé par Machrou Tounes, qu’ont créé des transfuges de Nidaa, il fait partie des premiers fondateurs de la Coalition nationale.
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Franc-parler
Depuis ce 7 septembre, il dirige cette Coalition, deuxième groupe parlementaire à l’Assemblée, derrière les islamistes d’Ennahdha et devant Nidaa Tounes. Ses proches louent son expérience, sa détermination et son franc-parler.
Écrivain
Il y a un an, il a terminé un roman commencé dans les années 1990. Allégorie des désillusions d’un jeune gauchiste après la chute du mur de Berlin, Les derniers rêveurs dans une ville qui se meurt a été publié en arabe. Aujourd’hui âgé de 64 ans, il dit rédiger chaque nuit des poèmes, qu’il partage sur sa page Facebook.
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