Guinée : rififi à la Cour constitutionnelle
L’éviction de Kèlèfa Sall de son poste de président de la Cour constitutionnelle a suscité la polémique en Guinée. L’opposition estime qu’il paie son discours de 2015, lorsqu’il avait enjoint Alpha Condé de ne pas procéder à une révision constitutionnelle. La réalité est plus complexe.
Contrairement aux apparences, et à ce qui a été dit un peu rapidement, la destitution par ses pairs de Kèlèfa Sall de sa charge de président (mais non de membre) de la Cour constitutionnelle, le 12 septembre, n’a pratiquement rien à voir avec son fameux discours de décembre 2015 enjoignant à Alpha Condé d’« éviter les sirènes révisionnistes de la Constitution » – discours dont il n’était d’ailleurs que l’un des coauteurs et pas le plus intransigeant.
Trois procédures en trois ans
En conflit avec ses collègues depuis trois ans, Kèlèfa Sall avait déjà fait l’objet de trois procédures de destitution à l’instigation de ces derniers, en janvier et en novembre 2016, puis en mars 2018, toutes refusées par le chef de l’État.
Motifs : violations des règles de la Cour, anomalies de gestion, facture impayée à l’hôpital Bichat de Paris (76 000 euros)… Cette fois, les huit conseillers se sont passés de l’avis d’Alpha Condé.
Une lecture « ethnique » de ce limogeage n’est pas non plus possible : Sall est un Malinké de Siguiri, fief du parti présidentiel, alors que son successeur, Mohamed Lamine Bangoura, est soussou, et que le nouveau vice-président, Amadou Diallo, peul.
En Guinée, le président de la Cour constitutionnelle est élu par les membres de celle-ci et non, comme en France, nommé par le chef de l’État.
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