Maroc : cap sur l’Afrique pour la Société centrale de réassurance

Le premier réassureur du Maroc, filiale de la Caisse de dépôt, poursuit son programme de développement en Afrique. Son directeur général, Youssef Fassi Fihri, place la diversification des risques au cœur de sa stratégie. Rencontre.

Au Maroc, la classe moyenne opte de plus en plus une assurance maladie privée, en plus de la couverture maladie obligatoire © Hassan Ouazzani/J.A.

Au Maroc, la classe moyenne opte de plus en plus une assurance maladie privée, en plus de la couverture maladie obligatoire © Hassan Ouazzani/J.A.

fahhd iraqi

Publié le 16 novembre 2018 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique : La SCR a obtenu, à la fin de 2017, l’autorisation d’exercer dans la zone Cima (Conférence interafricaine des marchés d’assurances) et a installé un bureau au Rwanda. Prévoyez-vous de nouvelles ouvertures prochainement ?

Youssef Fassi Fihri : Nous venons tout juste d’ouvrir un troisième bureau de représentation au Caire, car nous constatons une amélioration du marché de la réassurance en Égypte et une reprise des grands projets d’investissement, notamment dans les infrastructures.

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Globalement, notre ambition est de mettre en place des bureaux de contact locaux en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient – notre premier marché actuel –, offrant plus de proximité et de connaissance des marchés afin d’être au plus près de nos clients et des cibles qui correspondent à notre stratégie d’internationalisation. Tout en étudiant d’autres voies de croissance.

Les analystes estiment que la réforme du code Cima va générer un chiffre d’affaires additionnel de plus de 100 millions d’euros par an pour les réassureurs africains. Quelle part espérez-vous capter ?

Effectivement, le marché de la réassurance dans cette région stratégique dispose d’un potentiel substantiel. Et il est possible d’obtenir une prime en tant que early mover [premier arrivant] dans un contexte de concurrence accrue et d’ouverture du marché.

Dans ce cadre, nous estimons pouvoir faire jouer nos spécificités, à savoir la bonne connaissance du marché africain, notre rating, notre culture, notre expertise et le développement de produits innovants qui correspondent aux tissus économiques locaux.

Nous sommes passés de 1,5 million de dollars réalisés en 2017 à environ 4 millions à la fin de juillet

Cela dit, la SCR n’a obtenu l’agrément de la Cima qu’en décembre 2017, ce qui nous a empêchés d’être présents sur une partie des renouvellements de janvier 2018.


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Malgré ce retard, nous avons pu réaliser une augmentation significative de notre chiffre d’affaires. Nous sommes ainsi passés de 1,5 million de dollars réalisés en 2017 à environ 4 millions à la fin de juillet. Nous comptons atteindre environ 6 millions de dollars d’ici à 2020, tout en respectant notre objectif primordial de ne pas dépasser un ratio combiné de 90 %.

Comment comptez-vous faire face à la concurrence des réassureurs mondiaux qui lorgnent cette région ?

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L’intensification de la concurrence est une chance que nous saisissons à travers la multiplication d’alliances avec de grands acteurs mondiaux, tel Lloyds, des assureurs ou réassureurs du Moyen-Orient, tout en étoffant notre réseau pour être en relation directe avec nos clients afin de mieux comprendre leurs besoins.

La plupart des réassureurs internationaux ont d’ailleurs recours à la rétrocession de la part des réassureurs régionaux et se limitent à cette stratégie.

À l’exception de Hannover Re qui a ouvert un bureau à Abidjan pour gérer ses solutions Vie et Santé, qui sont retenues à 100 % dans la zone Cima, nous n’avons pas constaté l’arrivée de groupes mondiaux dans la région.

Les compagnies d’assurances marocaines implantées en Afrique bénéficient-elles d’avantages particuliers auprès de la SCR ?

Il n’y a pas de « prime de drapeau » de la part de la SCR à l’endroit des assureurs marocains dans la région, mais il y a bien entendu des relations privilégiées avec ceux que nous servons déjà à l’intérieur de nos frontières et avec lesquels nous travaillons étroitement à l’international.

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Ainsi, nous regardons avec nos partenaires marocains l’ensemble de la chaîne en matière d’accompagnement d’entreprises qui poursuivent une stratégie d’internationalisation afin de leur offrir des packs intégrés adaptés à leurs agendas.

De manière générale, que devraient représenter les activités africaines (hors Maroc) dans les comptes de la SCR ?

Actuellement, notre chiffre d’affaires en Afrique (hors Maroc) représente environ 35 % de nos activités à l’international.

Nous escomptons qu’à moyen terme plus de 65 % de nos primes proviendront de l’international

Et compte tenu de la sinistralité très raisonnable sur le continent, notre ambition est que ce taux atteigne 50 % à court terme.

De manière générale, nous escomptons qu’à moyen terme plus de 65 % de nos primes proviendront de l’international et seront bien diversifiées, à la fois géographiquement et par ligne de métiers. La diversification et la maîtrise des risques étant l’essence de notre métier, il est nécessaire que nous puissions évoluer prudemment afin de préserver notre équilibre.

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