Bancassurance : le retour gagnant de NSIA

Ces deux dernières années, le patron de l’assureur ivoirien NSIA a finalisé d’importantes opérations visant à développer le pôle bancaire du groupe et à renforcer ses fonds propres.

Enseigne de la compagnie d’assurances NSIA, dans le centre de Dakar, le 3 février 2014. © Sylvain Cherkaoui/JA

Enseigne de la compagnie d’assurances NSIA, dans le centre de Dakar, le 3 février 2014. © Sylvain Cherkaoui/JA

Publié le 27 décembre 2018 Lecture : 5 minutes.

La success-story de Jean Kacou Diagou, considéré comme la deuxième fortune de Côte d’Ivoire, se poursuit à la tête de Nouvelle Société interafricaine d’assurance (NSIA), qu’il a fondé au milieu des années 1990.

Engagé dans la gouvernance quotidienne du groupe, dont, à 72 ans, il tient toujours fermement les rênes, l’homme d’affaires ivoirien multiplie les opérations.

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Ainsi, en juillet 2018, NSIA a créé Orange Bank Africa avec l’opérateur de télécoms français. L’établissement sera un relais additionnel du service de mobile banking Orange Money et sera axé sur la banque de détail, le microcrédit et les produits d’assurances.

Année 2017 fructueuse

La nouvelle entité s’appuiera par ailleurs sur le réseau ouest-africain du groupe ivoirien, comme l’avait révélé en juin dernier Jeune Afrique Business+. Mais son expansion pourrait se faire rapidement dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest où Orange est implanté.

Selon le pacte provisoire d’actionnaires, NSIA détiendra 25 % d’Orange Bank Africa, et Orange environ 75 %. À terme, l’opérateur de télécoms contrôlera la joint-venture. Les activités devraient démarrer au plus tard au début de 2019, après l’obtention de toutes les autorisations et de tous les agréments auprès des autorités réglementaires, notamment la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

L’année 2017 aura aussi été faste pour NSIA. La vision stratégique de Jean Kacou Diagou était alors de développer le pool bancaire du groupe, en retard par rapport à la branche assurance. Mais, pour cela, NSIA devait au préalable renflouer ses fonds propres et consolider ses ressources.

NSIA Banque Côte d’Ivoire a récolté 28,2 milliards de F CFA

En juillet, dans le cadre d’une recapitalisation, NSIA Banque a ouvert son capital à travers une offre publique d’achat (OPA), suivie d’une introduction à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan. L’opération, prévue pour durer plusieurs jours, a été clôturée de manière anticipée dès le premier jour des souscriptions.

NSIA Banque Côte d’Ivoire a récolté 28,2 milliards de F CFA (43 millions d’euros) grâce à l’émission de 3 170 millions d’actions nouvelles. Cette transaction a permis à l’État de se retirer définitivement de l’actionnariat de la banque.

Bataille de la rentabilité

Quelques mois plus tôt, en mai 2017, à la grande surprise de la communauté financière d’Afrique de l’Ouest, Jean Kacou Diagou bouclait l’entrée du réassureur helvétique Swiss Re dans le capital de Manzi Finances, le holding qui porte les parts de sa famille dans le groupe NSIA. L’astuce consistant à faire entrer Swiss Re dans Manzi Finances évitait de diluer les parts de la famille dans le groupe NSIA constitué du pool assurance et bancaire. La transaction a porté sur un montant de 100 millions d’euros et concernait moins de 30 % du capital.

Ce deal était en réalité lié à un autre, plus stratégique, qui se tramait en coulisses. « Le président Diagou ne fait rien au hasard, tous ses actes sont planifiés. La cession de parts à Swiss Re cachait un autre gros deal à venir », a confié à Jeune Afrique un proche de l’homme d’affaires.

Jean Kacou Diagou, PDG du groupe NSIA, lors d’une visite à Jeune Afrique, le 7 mars 2011, à Paris. © Vincent Fournier/JA

Jean Kacou Diagou, PDG du groupe NSIA, lors d’une visite à Jeune Afrique, le 7 mars 2011, à Paris. © Vincent Fournier/JA

Car plusieurs semaines avant l’acquisition d’une participation dans Manzi Finances par Swiss Re, Jean Kacou Diagou et sa fille Bénédicte Janine, directrice générale du pôle banque, avaient entrepris des négociations avec le nigérian Diamond Bank Plc, qui préparait son retrait d’Afrique francophone, notamment du Bénin, de Côte d’Ivoire et du Sénégal.

À la fin de novembre 2017, NSIA annonçait la finalisation du rachat de Diamond Bank. Le montage financier s’est structuré autour de Manzi Finances, NSIA vie assurances et NSIA Banque Côte d’Ivoire pour plus de 61 millions d’euros.


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La relation entre NSIA et Diamond s’est nouée en 2011, quand le premier a racheté au second Adic Insurance au Nigeria. Le groupe ivoirien contrôle désormais 97,07 % du capital de Diamond Bank SA. Cette opération a notamment permis d’étoffer le réseau de NSIA Banque, seulement présente jusque-là en Côte d’Ivoire et en Guinée.

Le prochain défi de Jean Kacou Diagou est l’implantation de NSIA Banque au Togo, puis dans les autres pays de ­l’Uemoa.

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Le fondateur reste à l’affût de toutes les opportunités et analyse attentivement les potentiels de croissance avant de s’engager. « Nous visons la place de leader dans le secteur bancaire ouest-africain, une position que nous avons déjà dans les assurances. Notre bataille sera celle de la rentabilité », explique-t-il.

Montée en puissance

En Côte d’Ivoire, NSIA Banque est montée en puissance au fil des ans. À la fin de 2017, elle possédait un réseau de 81 agences à travers le pays.

Son chiffre d’affaires a atteint, cette année-là, plus de 1 004 milliards de F CFA, contre 843,2 milliards un an plus tôt. Et la banque a renforcé ses fonds propres à hauteur de 66 %, pour atteindre 59 milliards de F CFA à la fin 2016.

Paul Antoine Bohoun Bouabré, alors ministre de l’Économie et des Finances de Laurent Gbagbo, conseillait de nationaliser la banque

Confiné dans le secteur des assurances pendant plusieurs années, NSIA a démarré son aventure bancaire en 2006 avec l’acquisition des parts du groupe belge La Belgolaise dans la Banque internationale pour l’Afrique occidentale (BIAO).

Une opération à laquelle s’opposait Paul Antoine Bohoun Bouabré, alors ministre de l’Économie et des Finances de Laurent Gbagbo, qui conseillait au contraire de nationaliser la banque dans laquelle l’État détenait une participation. Mais Charles Konan Banny, l’ex-gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) devenu Premier ministre en décembre 2005, a convaincu le président Laurent Gbagbo d’autoriser l’opération.

Des partenariats qui rapportent

Pour consolider les actifs de son groupe, Jean Kacou Diagou a privilégié des partenaires de premier plan. En 2015, pour suppléer la sortie du capital-investisseur américain Emerging Capital Partners (ECP), qui détenait 26,3 % de NSIA participations, le holding du groupe, Jean Kacou Diagou a porté son choix sur la Banque nationale du Canada (BNC), qui a acquis 20,9 %, et sur le fonds Amethis (5,4 %).

L’opération a rapporté 100 millions d’euros. La même démarche a été adoptée dans le cadre de Manzi Finances, le holding de la famille Diagou, avec l’arrivée en juin 2017 de Swiss Re pour également 100 millions d’euros.

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