Tunisie : un nouvel horizon pour la CDC

La directrice générale de la Caisse des dépôts et consignations, Boutheina Ben Yaghlane, souhaite dynamiser un secteur financier postrévolution encore frileux.

Boutheina Ben Yaghlane, directrice générale de la Caisse des Dépots et Consignations. © Nicolas Fauqué pour ja

Boutheina Ben Yaghlane, directrice générale de la Caisse des Dépots et Consignations. © Nicolas Fauqué pour ja

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Publié le 20 novembre 2018 Lecture : 2 minutes.

Des fonds propres multipliés par 6,2 en sept ans. Peu d’entités publiques – ni même privées – peuvent s’enorgueillir d’une telle croissance. La Caisse des dépôts et consignations (CDC), si.

Créée en septembre 2011, moins d’un an après la révolution, elle est aujourd’hui le bras financier de l’État avec, en 2017, un bilan de 6,4 milliards de dinars (2 milliards d’euros) et des fonds propres s’élevant à 311,7 millions de dinars.

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Un apport « pas que financier »

Au vu du contexte politique compliqué, les premiers dirigeants se sont appuyés sur les fondamentaux classiques d’une CDC : les participations directes et minoritaires dans des projets régionaux.

Nommée en mars 2016 à la tête de l’établissement public, Boutheina Ben Yaghlane insuffle une vision plus large : « Notre apport n’est pas uniquement financier, nous exigeons plutôt des opportunités d’investissement avec une vraie stratégie, un business plan valide, une vision à long terme, ainsi que des dispositifs de gouvernance selon des standards internationaux et respectant des règles de transparence strictes. »

Moteur de l’investissement

Pour dynamiser le secteur boursier moribond, l’ancienne professeure en intelligence économique au prestigieux Institut des hautes études commerciales de Carthage innove avec les initiatives « FCPR 20/80 » et « FCP 25/75 », par lesquelles la CDC mobilise 20 % et 25 % des capitaux. Aux acteurs de trouver le complément pour créer ces fonds.

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Être le moteur de l’investissement et non pas seulement un carburant financier, tel est le credo de Boutheina Ben Yaghlane. À condition que la prise de risques se fasse en connaissance de cause. C’est dans cette optique que la CDC est devenue actionnaire de Mitigan, à l’origine du premier Bureau crédit et assurance en Tunisie.

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Celui-ci doit permettre d’asseoir la culture de gestion des risques. Ce facteur paraît primordial pour la dirigeante de 52 ans alors que l’épargne, qui constitue le principal revenu de la CDC, est passée de 16,1 % à 10,5 % du PIB entre 2010 et 2016.

L’environnement et le numérique privilégiés

D’ici à 2020, Boutheina Ben Yaghlane, ex-secrétaire d’État aux Finances affiliée au parti Ennahdha, souhaite que la moitié des participations directes – 18 projets pour un investissement de 100 millions d’euros en 2017 – concernent des dossiers relatifs aux partenariats public-privé (PPP), au secteur énergétique et au numérique.

Alors que l’institution doit entrer au capital de la société chargée de la construction du port d’Enfidha, Boutheina Ben Yaghlane veut privilégier l’environnement et le numérique car ce sont « les transitions majeures que connaît le pays ».

La CDC devrait devenir d’ici à la fin de l’année un acteur accrédité par le Fonds vert pour le climat des Nations unies. En 2017, elle a par ailleurs souscrit à un fonds d’amorçage pour les start-up pour un montant cible de 15 millions de dinars, dont plus de la moitié a déjà été levée.

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