Madagascar – Jean-Éric Rakotoarisoa : « Il faut sortir de la psychose autour des élections »
Le président de la Haute Cour constitutionnelle (HCC), revient pour Jeune Afrique sur les prises de position de la plus haute juridiction malgache, alors que le pays est plongé dans une crise politique depuis plusieurs mois.
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Le 7 novembre, les électeurs se rendront aux urnes pour élire leur nouveau président. Avec l’espoir de mettre un terme à la crise politique qui mine le pays depuis 2009 et de consolider la reprise économique.
Le 25 mai, la Haute Cour constitutionnelle (HCC) a fait bien plus que de statuer sur la demande de déchéance déposée contre le chef de l’État, Hery Rajaonarimampianina. Elle a sifflé le lancement de la campagne présidentielle. À ses conditions : une élection emmenée par un gouvernement de cohabitation, dans un contexte apaisé et avec des dates anticipées. Une intrusion sévèrement jugée par certains mais totalement assumée par Jean-Éric Rakotoarisoa, le président de la HCC. En prenant ses responsabilités, il estime avoir poussé les différents leaders politiques à prendre les leurs.
Jeune Afrique : Pourquoi avoir pris une telle décision fin mai ?
Jean-Éric Rakotoarisoa : Madagascar risquait une nouvelle crise. Nous étions dans une impasse, nous pouvions perdre le contrôle de la situation si nous prononcions la déchéance du président. Il était même question d’un coup d’État militaire. Après 2002 et 2009, Madagascar ne pouvait se perdre dans une nouvelle aventure politique avec plusieurs mois d’instabilité. Il fallait ramener tout le monde à la raison. Nous avons joué notre rôle de régulateur des institutions, pour que le pays puisse aller aux élections. C’est aux Malgaches de trancher les litiges entre politiques.
Notre objectif est d’avoir un président élu en janvier
Que répondez-vous à ceux qui estiment que vous êtes sorti de vos fonctions par un « coup d’État constitutionnel » ?
Nous avons pensé à l’intérêt supérieur du pays. Beaucoup critiquent, mais personne n’a proposé de solution. Nous avons consulté les envoyés de la communauté internationale, les chefs religieux et traditionnels, etc., pour apaiser le contexte préélectoral. Au vu des événements de ces derniers mois, je persiste à penser que c’était la bonne décision.
Êtes-vous confiant quant à la tenue des élections aux dates convenues ?
Nous mettons tout en œuvre, avec le gouvernement de consensus et la Commission électorale nationale indépendante, pour que ce scrutin se déroule dans les délais qui nous sont impartis et en garantissant le choix des électeurs. Notre objectif est d’avoir un président élu en janvier.
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Non, les élections ne sont pas synonymes de crise à Madagascar
Ce scrutin est donc une fin en soi ?
Non, mais il faut banaliser les processus électoraux et sortir de la psychose entretenue par les responsables politiques. Non, les élections ne sont pas synonymes de crise à Madagascar. J’invite les différents candidats à faire preuve de prudence et d’humilité. Personne ne sait ce que feront les électeurs. Et certains risquent d’avoir de mauvaises surprises.
À ce propos, l’interdiction de publier certains sondages, comme l’étude réalisée par la Fondation Friedrich Ebert fin septembre, vous semble-t-elle une bonne chose ?
Personnellement, je ne serais pas intervenu dans ce cas. Mais il y a un problème de maturité politique dans notre pays, et ce genre d’études n’est pas assez fiable pour que l’on prenne le risque de semer le trouble. Il y a tout un apprentissage à faire pour éviter les manipulations.
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