Low cost : Air Arabia Maroc, challenger d’une RAM en difficulté

Avec l’ouverture du ciel marocain, la compagnie à bas coût émiratie concurrence Royal Air Maroc sur les liaisons vers l’Europe. Et conquiert le marché intérieur.

La Royal Air Maroc compte développer ses liaisons sur le continent africain. © Hassan Ouazzani pour Jeune Afrique

La Royal Air Maroc compte développer ses liaisons sur le continent africain. © Hassan Ouazzani pour Jeune Afrique

Publié le 24 octobre 2018 Lecture : 2 minutes.

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Alors que ces dernières semaines Royal Air Maroc se démenait dans un conflit avec ses pilotes qui a conduit à des annulations de vols et à des scènes dantesques diffusées sur les réseaux sociaux, Air Arabia (3,7 milliards de dirhams émiratis de CA, soit 870 millions d’euros) annonçait l’ouverture de plusieurs destinations. La compagnie continue d’enrichir son offre avec deux nouvelles destinations depuis Agadir : Bâle et Birmingham.

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Surtout, Air Arabia se développe sur le marché intérieur du royaume, il y a peu chasse gardée de la compagnie nationale. Un vol Tanger-Marrakech avec trois départs par semaine a été inauguré en octobre. La low-cost relie désormais entre elles six villes marocaines.

La conquête du marché intérieur n’a pu débuter qu’en 2017, quand Air Arabia Maroc a pu disposer des 8e et 9e libertés de l’open sky. Ce sont d’abord Fès et Marrakech qui ont été desservies. En 2018, quatre liaisons ont été ouvertes en juin : Nador-Casablanca, Dakhla-Casablanca, Dakhla-Marrakech et Agadir-Rabat. La libéralisation du trafic international dans le ciel marocain a été encouragée par les autorités pour développer le tourisme.

Une concurrence accrue dans l’open sky marocain

« L’enjeu pour le gouvernement […] au début des années 2000 est de trouver les leviers pour augmenter les capacités aériennes […] dans un système qui privilégie quelques compagnies », écrit Véronique Mondou, maître de conférences à l’université d’Angers. Les low-cost européennes s’engouffrent dans l’open sky marocain. De même qu’Air Arabia, bien que plus tardivement. En 2009, la compagnie émiratie, établie à Sharjah, fait, elle, le choix de créer une filiale au Maroc. Elle rachète et transforme Regional Air Lines, créée en 1996 par Holmarcom. De facto s’opère un partage du territoire.

« Désormais, Air Arabia touche des aéroports où n’existaient que des liaisons domestiques. La concurrence va être forte avec la RAM, qui était jusque-là préservée sur ce marché des low-cost européennes », analyse Véronique Mondou. En effet, au moment de l’ouverture du ciel marocain, les libertés 8 et 9 sont exclues des accords. En attendant, sur l’international, la RAM a perdu 25 % de part de marché, comme le révélait en 2015 sa directrice générale adjointe, Habiba Laklalech. Air Arabia vise désormais à étoffer son réseau intérieur.

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Le royaume, base d’une expansion sur le continent ?

Mais l’ambition de la filiale de la compagnie du Golfe ne se cantonne pas aux frontières du royaume, qui pourrait servir de base pour une expansion sur le continent. À l’est, la compagnie assure déjà des liaisons avec le Kenya, l’Érythrée, le Soudan et le Somaliland. La RAM, qui a de fortes ambitions africaines, est déjà confrontée à d’autres compagnies.

« Le potentiel du marché africain est énorme, commente cet analyste du secteur, et les compagnies aériennes du Golfe s’y intéressent. Il y a sûrement un intense travail de lobbying de la RAM, qui fait pression auprès des États, et sans doute aussi des accords entre les deux acteurs, mais on ne sait pas ce qu’ils prévoient. » Au sud du Sahara, les deux compagnies auraient-elles adopté un code de bonne conduite ?

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