Open sky : Nouvelair prépare son offensive

Face à la concurrence imminente des low-cost, la compagnie privée tunisienne appelle à une meilleure collaboration avec les opérateurs publics.

Pour remplir les avions, des vols hybrides transportent voyageurs particuliers et en tour-opérateurs. © Shutterstock/Dmytro Kurko

Pour remplir les avions, des vols hybrides transportent voyageurs particuliers et en tour-opérateurs. © Shutterstock/Dmytro Kurko

MATHIEU-GALTIER_2024

Publié le 24 octobre 2018 Lecture : 3 minutes.

Ethiopian Airlines est considérée comme l’une des compagnies les plus fiables d’Afrique
Issu du dossier

Ciel africain : la grande envolée du fret

Sur fond de montée en puissance des concurrents asiatiques et d’Ethiopian Airlines, les acteurs en place cherchent à consolider leurs positions.

Sommaire

Le changement dans la continuité. Chez Nouvelair, on se prépare activement à la mise en place de l’open sky – dont le mémorandum a été signé entre l’Union européenne et la Tunisie le 11 décembre 2017 mais n’est pas encore effectif –, sans renier ce qui a fait le succès de la compagnie aérienne : les vols charters.

« L’objectif, c’est de stabiliser notre clientèle : moitié vols réguliers, moitié charters. Ce serait une erreur de sortir définitivement de la logique de charters », analyse Karim Dahmani, directeur central des ventes et marketing à Nouvelair, qui entend cependant profiter de l’ouverture du ciel pour grignoter des parts de marché au fleuron national Tunisair. L’open sky met fin aux accords bilatéraux qui limitent, voire interdisent l’accès à plusieurs compagnies étrangères.

la suite après cette publicité

Ainsi, la compagnie, qui appartient au groupe TTS (Tunisian Travel Services), compte bien entrer sur le marché lucratif de l’Italie et développer ses vols réguliers en Allemagne, respectivement troisième et deuxième pays d’origine des voyageurs européens qui sont venus en Tunisie lors du premier trimestre de 2018. Nouvelair table ainsi sur une progression de 15 % de son trafic en Allemagne l’an prochain.

>> A LIRE – Transport aérien : c’est (enfin) parti pour le marché unique

Renforcer ses liaisons « refuges »

Pour toucher cette nouvelle clientèle, capable de payer un billet d’avion sur un coup de tête, contrairement à celle des charters, la société propose une application mobile et un site de réservation plus ergonomiques. D’ici à la fin de l’année, un programme de fidélité verra le jour avec des avantages immédiats.

Cette stratégie vise à résister aux compagnies à bas coût qui débarqueront sitôt l’accord de l’open sky officialisé. La compagnie tunisienne, dont le chiffre d’affaires a atteint près de 391 millions de dinars (120 millions d’euros) en 2017 et qui devrait embarquer plus de 1 million de passagers en 2018, s’attend que ces dernières cassent les prix la première année, d’autant qu’elles ne pourront pas exercer dans le principal aéroport, celui de Tunis-Carthage, protégé pendant cinq ans.

la suite après cette publicité

Créé en 1989, Nouvelair, qui a transporté 30 millions de voyageurs, compte développer des lignes « refuges », comme les appelle Karim Dahmani, vers le Maroc, l’Égypte et la Turquie, mais aussi servir des destinations « insolites » d’Europe du Nord (Suède, Danemark, Islande, Finlande, Norvège) et de Russie, en développant les vols hybrides comprenant des voyageurs particuliers et en tour-­opérateurs pour améliorer le remplissage des avions.

Un « pavillon tunisien » face à concurrence

Face à la concurrence, la direction appelle à un « pavillon tunisien », synonyme non pas de fusion mais de meilleures collaborations entre les compagnies nationales Tunisair et Syphax, si cette dernière obtient son certificat de vol.

la suite après cette publicité

Avec huit Airbus A320, Nouvelair n’a pas la taille critique suffisante pour attendre avec sérénité la concurrence low cost, c’est pourquoi la société cherche à renforcer ses autres produits que sont la coopération internationale et l’intégration verticale avec un site de maintenance et sa participation à hauteur de 15 % dans l’école de formation de pilotage SFA (Safe Flight Academy).

Le premier Airbus A320 de la compagnie aérienne Congo Airways stationne sur le tarmac de l’aéroport international de Ndjili à Kinshasa, capital de la République démocratique du Congo, le 21 septembre 2015.© Gwenn Dubourthoumieu pour JA © Gwenn Dubourthoumieu pour JA

Le premier Airbus A320 de la compagnie aérienne Congo Airways stationne sur le tarmac de l’aéroport international de Ndjili à Kinshasa, capital de la République démocratique du Congo, le 21 septembre 2015.© Gwenn Dubourthoumieu pour JA © Gwenn Dubourthoumieu pour JA

Partenariat « modèle » avec Congo Airways

En 2018, Nouvelair a affrété pendant cinq mois un Airbus A320 pour le redémarrage de Congo Airways. Cette location était précédée d’une assistance technique comprenant une formation des pilotes, du personnel navigant commercial, des chefs de soute et des experts qualité.

Ainsi, dans un pays figurant sur la liste noire européenne des compagnies, Congo Airways a pu obtenir sa certification IOSA. Une « expérience modèle de la coopération Sud-Sud », se félicite Sengamali Lukukwa, directeur commercial de Congo Airways, que Nouvelair cherche à étendre sur le reste du continent.

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image