Maroc : OCP en mission au Sahara occidental
L’Office chérifien des phosphates, via la Fondation Phosboucraa, multiplie les projets sociaux au Sahara occidental.
Maroc – OCP : voyage au cœur de l’empire des phosphates
En dix ans, l’Office chérifien des phosphates s’est métamorphosé en géant des engrais. Face aux Chinois, aux Américains et aux Saoudiens, il vise aujourd’hui la place de numéro un mondial, sans oublier d’appuyer la stratégie du royaume partout où il le peut. De la recherche scientifique au développement du Sahara.
« Je vais faire vite. Pas plus de cinq minutes », annonce Hajbouha Zoubeir après avoir réajusté sa melhfa (foulard) dans un geste typique des femmes sahraouies. La présidente de la Fondation Phosboucraa a beau parler rapidement, elle ne tiendra pas son engagement. Elle a trop de choses à dire. Avec ses 85 millions de dirhams (7,7 millions d’euros) de budget, la fondation créée en 2014 à partir de la filiale « saharienne » d’OCP multiplie les projets sociaux à destination d’un public pléthorique : caravanes médicales, bourses d’excellence, programme de vaccination d’élevages camelins…
Ici, OCP, plus que n’importe où ailleurs, a conscience de ses responsabilités. Le contentieux sur le statut politique du Sahara occidental le fait marcher sur des œufs. Hors de question de donner du grain à moudre aux ONG internationales qui crient au « pillage des richesses ». Et encore moins au Front Polisario qui tente régulièrement de faire saisir des cargaisons de phosphate OCP aux quatre coins du monde.
Sur le site de Phosboucraa au port d’Al Marsa (à une vingtaine de kilomètres à l’est de Laayoune), d’où est expédiée la roche phosphatée extraite des mines de Boucraa vers l’Inde, les États-Unis ou l’Australie, le directeur, Mohammed Chehtane, martèle le message : « Nous réinvestissons tout sur place. Aucun des bénéfices, quand il y en a, ne remonte dans les caisses d’OCP. » À vrai dire, les bénéfices sont rares. Bien que d’excellente qualité (plus forte teneur en P2O5 parmi les sites d’OCP), la roche coûte ici 2,5 fois plus cher à extraire qu’à Khouribga.
En 2017, l’entreprise fondée par les Espagnols en 1962 et rachetée en deux fois par OCP (65 % en 1976 puis 35 % en 2002) a généré 2,5 milliards de dirhams de revenus à partir de 1,7 million de tonnes de phosphate extrait. Elle a beau tabler sur 2,2 Mt en 2018, elle peine toujours à être rentable.
Premier employeur de la région
Pour y remédier, un programme d’investissement de 20 milliards de dirhams court jusqu’en 2025. Une partie est dévolue à l’industrie : nouveaux équipements miniers, nouvelles capacités de stockage, deux unités de lavage, une première usine d’engrais (DAP) d’une capacité de 1 Mt par an, un nouveau débarcadère… Quant à l’autre partie, représentant environ 15 % du total, elle est consacrée au développement local : un centre culturel, une cité minière, des centres de loisirs, deux écoles, et surtout un technopôle, véritable petite ville au sortir de Laayoune, qui abritera une université, une école préparatoire, un centre commercial, des logements…
Dans cette région où le taux de chômage est le plus élevé du Maroc, Phosboucraa est le premier employeur (2 200 employés, dont 75 % de locaux et 800 millions de dirhams de masse salariale). Et c’est compter sans la grosse vingtaine d’entreprises sous-traitantes qui en dépendent. « Tout le monde veut travailler pour nous », concède Aghbal Kamal, directeur du site d’extraction de Boucraa, qui dirige 300 personnes en permanence payées autour de 15 000 dirhams mensuel en moyenne. La région (Laayoune-Sakia El Hamra), elle, compte près de 368 000 habitants.
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