Tunisie – Hafedh Caïd Essebsi : « La campagne contre moi est orchestrée par la Kasbah »

Le directeur exécutif de Nidaa Tounes, fils du président tunisien, est l’un des hommes politiques les plus connus du pays. L’un des plus controversés aussi. Autour d’un café, il répond, souvent avec humour, aux questions de Jeune Afrique.

Hafedh Caïd Essebsi dans son bureau, à Tunis, le 17 octobre 2018 (image d’illustration). © Ons Abid pour JA

Hafedh Caïd Essebsi dans son bureau, à Tunis, le 17 octobre 2018 (image d’illustration). © Ons Abid pour JA

Publié le 28 octobre 2018 Lecture : 10 minutes.

Aux yeux de ses détracteurs, être le fils du président Béji Caïd Essebsi, fondateur du parti qu’il dirige, n’est pas le moindre de ses torts. Il serait aussi à l’origine de la crise de Nidaa Tounes, en plus d’être mal entouré et politiquement inconsistant. Hafedh Caïd Essebsi, 56 ans, laisse dire. Mais ce taiseux a choisi Jeune Afrique pour mettre les points sur les « i ». Et s’est fait, pour la circonstance, prolixe.

Une rencontre déconcertante ; l’homme que l’on dépeint comme un héritier maladroit et hésitant se montre éloquent, n’esquive aucune question, analyse la situation tunisienne, assume et explique la position de son parti. Autour d’un café, il dévoile même un sens insoupçonné de la dérision. « L’humour permet de supporter la pression », confie-t-il. Un trait de caractère qu’il partage avec son père, dont une photo aux côtés de Bourguiba trône en bonne place dans son bureau.

>>> À LIRE – Tunisie : Hafedh Caïd Essebsi, un fils très envahissant

Jeune Afrique : Pour un dirigeant politique, vous vous exprimez peu ! Pourquoi sortir aujourd’hui de votre silence ?

Hafedh Caïd Essebsi : Impossible de se taire alors que la Tunisie va aussi mal. Le marasme économique et la crise politique nous obligent tous à sortir du silence.

À quoi attribuez-vous les blocages ?

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À un mode de gouvernance qui, à mon sens, doit impérativement être modifié. Au lendemain des élections de 2014, et malgré la victoire, Nidaa Tounes ne pouvait gouverner seul, faute de majorité absolue. Deux options s’offraient à nous : retourner aux urnes ou composer avec les islamistes. Pour maintenir la ­stabilité, le parti a été contraint de tendre la main à ceux dont le projet de société est en totale opposition avec le nôtre.

Nos électeurs ont pensé qu’une fois au pouvoir, il nous serait facile d’éradiquer Ennahdha. Cela n’a pas été ­possible en raison de la loi électorale. Si le mode de scrutin avait été différent, nous aurions eu la majorité et appliqué notre programme. La situation aurait alors été tout autre. Et nous aurions pu en rendre compte. En serait-on là si Nidaa avait gouverné seul ? Je l’ignore. Mais chacun doit assumer ses responsabilités. Et il faut se souvenir des difficultés rencontrées par le précédent chef du gouvernement.

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